Inévitablement on pense à Gladiator devant Robin des bois, ne serait-ce que parce que Russell Crowe – qui joue là pour la cinquième fois sous la direction du cinéaste, occupe toute la place, comme dans Gladiator donc, mais pas tout à fait à l’exemple de leurs autres collaborations (Une Grande année, American Gangster, Mensonges d’Etat). Et puis le personnage de Robin ressemble en bien des points à celui du général Maximus. On n’a pas affaire à Gladiator 2 mais quand même R. Scott applique avec son scénariste Brian Helgeland une recette assez similaire, avec en point d’orgue un discours mobilisateur pour faire triompher la liberté.
Robin des bois est cependant bien loin d’inspirer le même appétit que Gladiator. Au delà des anachronismes historiques qui gâchent considérablement l’impression générale, suggère que le film a été bâclé au prétexte de l’efficacité de l’entertainment, Robin des bois est un film laborieux, mis en scène de manière académique et qui ne contient aucun souffle épique.
Robin des bois est même assez mou. La romance entre Robin et Mariane (Cate Blanchett) occupant sans doute trop de place pour un résultat bien trop mièvre. Quand Cate Blanchett enfile la cotte de mailles et prend les armes à la manière d’Elizabeth, on atteint le ridicule.
Le film que propose Ridley Scott est à mille lieux du Prince des voleurs avec Kevin Costner. R. Scott opte pour une approche réaliste, remonte à la source du mythe – ce que le carton final souligne des fois que l’on puisse ne pas comprendre – et fait de Robin non pas un brigand des grands chemins mais un vaillant maçon, téméraire, loyal et commandant en puissance. Pas étonnant dès lors que l’on pense à Maximus.
On pense aussi au Soldat Ryan… Robin des bois finit avec une scène de débarquement qui ressemble très fort à l’ouverture du film de Spielberg. Cela tient aux étonnantes embarcations empruntées par les français. L’ambition réaliste historique n’est franchement pas évidente, on en est même loin. Surtout, la dimension spectaculaire entre les deux films n’est absolument pas comparable. Ridley Scott a beau être un habile faiseur, ce Robin des bois est fade, pas très entraînant et parfois un peu stupide. Cela dit, d’une manière générale, les moyens déployés sauvent quelque peu l’entreprise, mais sans convaincre donc.
Benoît Thevenin
Tout à fait d’accord, Ridley se répète dans ce film qui n’a vraiment rien de passionnant. Et le débarquement est d’un ridicule…
Ouille ouille !
bah moi j’avais plutôt bien envie de me le faire ce petit blockbuster…
En même temps, pour le moment, il semble que ton avis soit minoritaire, mais bon…
Et puis nos principales divergences sont souvent venues de mon affection pour ce genre de conneries (2012, PEarl Harbor, Xmen…)
Tout à fait d’accord sur le constat.
Très déçu par le dernier bébé de Ridley Scott, rien à voir avec Kingdom of Heaven qui, pour le coup, portait beaucoup plus et tenait d’un véritable souffle épique.
je reste sur le precedant Robin des Bois (K Costner), j’y avait adoré le personnage du Prince Jean et son humour devastateur
Il semble effectivement que R. Scott se soit un peu laissé aller avec ce « Robin des bois », qui par ailleurs n’a jamais été un projet très excitant.
Au-delà de la médiocrité du film, il faudrait creuser l’analyse de cette tendance qu’ont les producteurs et cinéastes contemporains à vouloir démythifier les héros légendaires d’antan pour les ramener à une brutalité et un pragmatisme tout à fait terrien. On repense au « Roi Arthur » avec Clive Owen, un film plutôt sympathique pour autant, qui avait enclenché le virage réaliste du cinéma épique; et, dans un autre genre, les très réussis « Batman » de Christopher Nolan.
Cette tendance trouve sans doute son origine dans le désir de véracité venu de la télévision et du développement exponentiel des « médias de l’immédiat ». Tous les genres sont progressivement touchés par l’imposant réalisme esthétique, qui va maintenant jusqu’à la caméra à l’épaule, et le film épique n’y échappe pas. Mais si ce style s’avère passionnant dans le cinéma d’actualités (je pense aux films de Greengrass), il est dommage qu’il tende à rationaliser absolument les grosses productions d’aventures dont l’objectif était, auparavant, de nous faire rêver.
Il serait amusant de partir d’une comparaison esthétique et narrative entre les « Robin des bois » de Curtiz, de Reynolds et de Scott pour décrypter, en creux, l’évolution du regard réaliste dans le cinéma américain de masse…
Premièrement, je voudrais dire que sa fesait changement de voir a l’écran un film pas entièrement polie, où la confusion et le désorde peuvent ammener le spectateur dans cette ambiance confuse qu’est cette époque. Et je doit signaler que oui des détails sont négligés ou mal traités, mais voyer la date des véritables événements, je trouve quand même sa remarcable qu’on est pus avoir un film aussi précis sur le tas de renseignement qu’on a sur cette époque et de tout les fait qui se contredise. Les acteurs étaient très bon et je ne regrette pas davoir été le voir, oui certain détails auraient pus être mieux et le montage mieux organiser, mais rien ne vaut un film classique qui racconte une histoire.Le sérieux de l’histoire redonnait aussi sa crédibilité au perssonnages géniaux.
PS: vraiment intéressant de voir avant qu’il ne devienne Robin des Bois
Pas du tout d’accord. D’une part Ridley Scott n’a jamais revendiqué une fidélité particulière à l’histoire, gladiator est au moins aussi peu fidèle à l’histoire.
D’autre part le film est plutôt dans la veine de kingdom of heaven que de gladiator, avec un même genre de héros taciturne, une photographie du même style et une histoire qui mise plus sur les personnages que sur une volonté de faire quelque chose d’épique et tant mieux, par ce qu’un film moyen âgeux avec de la musique pseudo héroïque et des scènes stylisés, c’est cliché, c’est chiant. Là le robin des bois de Ridley Scott est un film beaucoup plus humble, beaucoup plus simple. Ce n’est pas que sa mise en scène est académique, c’est juste qu’elle est sobre et ça se comprend tout à fait vu qu’il a voulut démystifié le personnage de robin des bois.
Enfin ils sont rares les films sur les « héros » (de comics ou autre) qui surprennent dans leur scénario mais Robin des bois est de ces films là. Il a voulu raconté les débuts de robin et je crois que personne ne l’avait fait jusqu’à là et on voit plutôt bien le mythe se construire peu à peu pour devenir ce qu’on connait aujourd’hui. J’apprécie aussi le fait que l’amourette habituel prenne moins de place et je terminerai en disant que j’ai rarement vu des films d’aventures ou les événements s’enchainent avec autant de fluidité sans qu’on ne s’ennuie à un moment ou à un autre.
Je rejoins Alastor quant au film, que j’ai jugé très original dans sa manière inédite d’aborder le mythe de Robin Hood, même si je conçois aisément qu’il ne puisse faire l’unanimité, de par sa forme et de par son fond. Les anachronismes que tu soulignes existent bel et bien (mais en même temps, quel film n’en ai pas pourvu, au moins un peu?) et quelques éléments prêtent à confusion, voire à sourire (le débarquement a évoqué les mêmes références à tout le monde, et Marianne en cotte de mailles ne produit pas l’effet escompté…).
Malgré cela, l’innovation narrative par rapport au conte populaire et la sobriété dont fait preuve Scott dans sa mise en scène participent à un renouveau du héros, même s’il cède à la tendance actuelle – à laquelle j’adhère volontiers – de crédibilisation auquel sont soumis nombre de héros littéraires. On pourra reprocher quelques longueurs, quelques absences scénaristiques aussi mais, dans l’ensemble, ce Robin Hood a gagné son pari, à mes yeux.