Tom et Gerri – la blague, ils ont appris à vivre avec depuis longtemps – sont un couple épanoui d’une soixantaine d’années. Ils reçoivent à la maison, au gré des saisons qui défilent, Mary (Lesley Manville) une amie et collègue de Gerri. Mary est divorcée, ne fait pas tout à fait son âge, et désespère de trouver de nouveau l’âme sœur…
Mike Leigh est l’un des trois cinéastes en compétition à Cannes 2010 (avec Kiarostami et Loach) à avoir déjà gagné la Palme d’Or. C’était avec Secrets et Mensonges en 96. Ca ne fait pas pour autant de lui un grand cinéaste et ce n’est pas non plus Another Year qui infirmera le constat. Mike Leigh est néanmoins un cinéaste intéressant, auteur par exemple du marquant Vera Drake.
C’est d’ailleurs Imelda Staunton, l’inoubliable actrice qui incarnait Vera Drake, qui ouvre le bal. Elle confie à un médecin, qui s’avèrera être Gerri, ses problèmes d’insomnies, entre autre. La séquence est isolée du reste du film et on ne reverra pas la dame insomniaque. Leigh prend seulement soin de présenter sommairement chacun de ses personnages, ce qui permet de mesurer la grande proximité entre tous.
Leigh déroule ensuite tranquillement une histoire inintéressante au possible, figée dans l’appartement de Tom et Gerri et sa mise en scène théâtrale, très bavarde et plus fatigante que divertissante ou captivante. Le récit est particulièrement convenu et balisé, découpé en quatre parties qui sont très simplement les quatre saisons. Printemps : Mary est en quête d’amour, un peu déboussolée mais en quête d’amour. Eté : elle se découvre de passion pour quelqu’un de plus jeune qu’elle. Automne : elle subit la déception de voir son fantasme convoler dans les bras d’une autre. Et comme Leigh a de la suite dans les idées, on ne nous épargne pas la séquence enterrement (+ enterrement des illusions de Mary) pour l’hiver.
Convenu et bavard, Another Year est aussi très long (2h10 quand même), et particulièrement pénible. Le stéréotype du couple d’amis parfaits est dès plus agaçant. Les autres personnages autour (le fils, le frère lointain, l’ami beauf etc.), ne sont pas moins formatés. Et puis pour ajouter à l’impatience d’en finir, il y a le jeu de Lesley Manville, particulièrement insupportable car sans cesse excessif. Another Year touchera sans doute quand même le public car il est impossible de nier une sensibilité propre, un charme simple qui résonnera en écho chez certains. Les autres qui ne seront pas touchés, qui ne se reconnaîtrons pas dans ces personnages, auront eux plus de chance de s’agacer de cette bienveillance qui caractérise si bien le film dans son ensemble…
Benoît Thevenin
Another Year – Note pour ce film :
Sortie française le 22 décembre 2010
Je ne suis pas un grand fan de Mike Leigh, j’avais même eu l’occasion (et le culot) de le lui dire il y a quelques années de cela…
Mais je n’ai toujours pas vu Naked… ça doit être pour ça !
Bon, celui ci n’étant visiblement pas indispensable, je vais passer mon tour…