L’une des premières scènes de Copie Conforme, une confrontation entre le personnage incarné par Juliette Binoche et son fils, fait un peu peur. Le gamin n’est pas à la hauteur de sa prestigieuse partenaire, joue faux, et les dialogues qu’on lui fait prononcer sont agaçants. On se demande un peu dans quoi on débarque, si on ne va pas avoir affaire à un pensum imbuvable. Et bien heureusement, le film – inspiré par Le Voyage en Italie de Rosselini – est globalement d’un tout autre niveau. Il s’agit même, très probablement, du meilleur film de Kiarostami (et de Binoche aussi) depuis bien longtemps.
Le cinéaste s’est mué dès le début des années 2000 en vidéaste d’art moderne, explorant les possibilités offertes par le numérique et poursuivant ses recherches formelles. Kiarostami a toujours – ou presque – composé ses plans comme des toiles.
Avec Copie Conforme, premier long-métrage qu’il réalise en Europe et dans une autre langue que le persan, Kiarostami nous offre de renouer avec un cinéma narratif dont il s’était quelque peu détourné. Le cinéaste n’a rien perdu de sa rigueur esthétique et ne serait-ce que de ce point de vue là, Copie Conforme nous régale. Mais c’est au-delà de la seule composition des images que se focalise notre attention. Kiarostami instruit une double méditation sur l’art et le couple, menée de façon conceptuelle, ce qui ne manquera pas de désarçonner une partie du public. La réflexion sur la qualité d’une oeuvre originale et celle d’une copie se déplace à d’autres champs, dont le couple donc, ce qui permet de se représenter un monde ou les frontières entre originalités et copies sont plus que ténues. Kiarostami construit son histoire en deux temps au moins, avec un écueil narratif à mi-chemin, qui instaure un doute profond en même temps qu’il opère un changement de registre radical. Le procédé ne sera peut-être pas apprécié de tout le monde, car Kiarostami fait preuve d’une roublardise qui n’est pas forcément du goût de chacun. Sauf que finalement, la démonstration est éloquente.
Kiarostami livre une oeuvre théorique qui réussit à glisser vers un chemin narratif classique, même s’il conserve assez de nuance dans son propos pour ne jamais perdre le fil d’une réflexion solide et passionnante. La prestation des acteurs, William Shimell et Juliette Binoche (qui n’a peut-être jamais été aussi bien filmée qu’ici), ne donne que plus de poids au résultat. On avait le sentiment d’avoir un peu perdu en cours de route le cinéaste mais Kiarostami nous revient plus en forme que jamais. L’air de la Toscane lui réussit très bien.
Benoît Thevenin
C’est fou, ce film m’a tellement ennuyée que je suis partie une demie heure avant la fin… terrible !
Sur les lieux de « Copie conforme », un tour pour visiter Lucignano et Cortona, en Toscane:
http://coloritoscani.blogspot.com/2010/06/du-festival-de-cannes-lucignano-sur-les.html
100% d’accord…
sauf concernant le fait que Binoche n’ait jamais été si bien filmée…
Carax, tout de même, c’était pas mal, Mauvais Sang !!!
Techiné, Kieslowski non plus…