Mon Frère est fils unique (2007) marquait le retour en grâce de Daniel Luchetti, cinéaste transalpin assez moyen mais qui avait déjà connu les honneurs de la compétition à Cannes avec Le Porteur de Serviette en 1991, trois ans après avoir reçu la Caméra d’Or pour Demain arrivera (88). Pour la Nostra Vita, il retrouve Elio Germano, l’un des trois jeunes acteurs révélés dans son précédent métrage.
Le film débute sur un ton léger. L’épouse de Claudio (Elio Germano) est sur le point d’accoucher et le couple, très amoureux, s’y prépare. Le destin frappe une première fois lorsque la maman décède en salle d’accouchement. Tout le monde est sous le choc, Claudio comme le spectateur qui n’est pas non plus préparé à cet écueil. Passé l’épreuve de l’enterrement et des larmes, le jeune veuf se doit de réenclencher sa vie. Ouvrier dans le bâtiment, il se consacre pleinement à son métier, s’y réfugie, sans oublier d’être père. Sur le chantier, Claudio dirige quelques travailleurs clandestins…
Présenté en compétition à Cannes quelques jours après Biutiful, La Nostra Vita ressemble au film d’Iñárritu mais délesté de la très grande lourdeur du cinéaste mexicain, délesté aussi d’une ambition de mise en scène comparable. Sur bien des points, Luchetti fait preuve de modestie et pour un résultat qui s’il n’est pas extraordinaire n’en est pas moins intéressant et appréciable.
Malgré la noirceur de son histoire, Luchetti ne verse pas dans le pathos ou le misérabilisme, à l’inverse d’Iñárritu. L’idée de l’Italien est ailleurs, son film n’est pas spécialement conçu pour faire pleurer dans les chaumières et distille plutôt son intérêt dans le portrait qui est fait de l’Italie actuelle à travers le personnage de Claudio. Luchetti montre une Italie dans ses plus grands travers : les préjugés racistes, une certaine misogynie, la corruption, des comportements dignes de la Casa Nostra etc. En même temps, les personnages parviennent à rester attachants, humbles, volontaires, pleins de vie. La Nostra Vita n’est alors jamais plombant quand bien même le sort s’acharne sur le personnage de Claudio.
Benoît Thevenin
La Nostra vita – Note pour ce film :
« … des comportements dignes de la Casa Nostra … » ? Traduction: notre maison! Tu veux dire Cosa Nostra je suppose.