Route Irish de Ken Loach (2010)


Ajouté in extremis à la compétition cannoise et présenté en fin de festival à quelques jours d’intervalle avec la présentation de Fair Game de Doug Liman,‭ ‬le nouveau film de Ken Loach ajoute une pierre à l’édifice de ces fictions‭ (‬-réalités‭) ‬qui embrassent le champ du conflit irakien.‭ ‬Comme le film de Doug Liman ou Green Zone de Paul Greengrass sorti il y a quelques semaines en salle,‭ ‬Ken Loach s’intéresse aux mensonges qui ont conduit des milliers de soldats de la coalition à pratiquer la guerre sur le sol irakien.‭ ‬Le style de Loach est bien sûr très différent,‭ ‬mais si le film parvient à être intéressant c’est davantage pour une question de dispositif de sa réalisation.‭

Route Irish prend comme point de départ le retour en Grande-Bretagne du corps d’un soldat britannique.‭ ‬Sa famille et son meilleur ami sont très en colère,‭ ‬maudissent le gouvernement,‭ ‬et bientôt le meilleur pote commence à comprendre que son ami a été sacrifié,‭ ‬que sa mort est suspecte et dissimule d’autres atrocités.‭

Le dispositif de réalisation est intéressant car Loach construit son récit autour de l’enquête par le meilleur ami,‭ ‬mais une enquête qui reste menée depuis la Grande-Bretagne et fonctionne la plupart du temps par un système de visio-conférence.‭ ‬Cela confère une originalité au film de Loach mais on peut regretter qu’elle ne s’accompagne pas du coup d’une réflexion sur l’image par exemple.‭ ‬Loach préfère se concentrer sur une narration plus classique et dont on connait les codes depuis le temps‭ (‬le scénario est toujours signé par Paul Laverty‭)‬.‭

L’histoire est donc très balisée,‭ ‬avec un héros de condition sociale très modeste et qui rentre en révolte contre le système et les institutions.‭ ‬Loach entremêle également au récit principal une romance attendue et pas absolument nécessaire.‭

Route Irish n’est ni un mauvais film ni un film raté,‭ ‬mais même s’il est intéressant et capte notre attention par son ton didactique,‭ ‬reste une oeuvre mineure de la part du cinéste,‭  ‬autrement moins marquante que d’autres‭ ‬de ses films.‭ ‬Là le cinéaste pêche par une morale trop appuyée,‭ ‬avec une conclusion dont on pouvait se dispenser…

Benoît Thevenin


Route Irish – Note pour ce film :

Année de production : 2009

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