Un Garçon fragile – Le Projet Frankenstein (Szelid teremtes – A Frankenstein Terv) de Kornél Mundruczó (2010)

Kornél Mundruczó n’a que 35 ans mais s’enferme chaque film davantage dans un mutisme désespéré qui finit par inquiéter. Deux ans après Delta, le cinéaste hongrois revient en compétition à Cannes avec Un Garçon fragile – Le Projet Frankenstein, une variation de l’histoire inventée par Mary Shelley. Ce que l’on avait noté avec Delta, c’est à dire la fascination morbide du cinéaste pour les ténèbres, on la retrouve encore, déployée à une échelle plus modeste (car Delta est particulièrement impressionnant, au moins du seul point de vue esthétique), mais où l’espace pour un quelconque espoir reste invariablement étriqué, sinon inexistant. C’est un préalable indispensable à la vision de n’importe quel film de Mundruczó : on est pas là pour s’amuser et mieux vaut ne pas être dépressif.

Le garçon fragile du titre est un jeune homme sur les traces de son père. Après une enfance passée en maison de correction, il revient d’abord chez sa mère, puis se retrouve un peu plus tard, par hasard, dans un casting. Le réalisateur (interprété par Mundruczó lui-même) est séduit par l’innocence de l’acteur débutant mais les choses dérapent et le garçon tue une actrice partenaire… Comme la créature chez Mary Shelley, le garçon, malgré son apparente innocence se révèle malgré lui un monstre qui accumule sur son passage les meurtres, plus ou moins involontairement.

Mundruczó construit à partir de ce synopsis reconstitué une histoire tragique où père et fils vont se retrouver et avancer ensemble sur le chemin d’un rédemption qu’ils n’atteindront pas. Un Garçon fragile confirme le talent de cinéaste de Mundruczó, dont la mise en scène, pourtant réduite ici à un certain minimalisme et dans le décor serré d’un immeuble délabré, est fascinante de sophistication. Comme dans ses précédents films, Mundruczó fait le choix d’une radicalité dans son style qui aura vite fait encore de laisser beaucoup de monde sur le bas côté. Le film est pour grande partie mutique, livre quelques unes de ses réponses par la symbolique de sa mise en scène. Il y a alors peu d’air pour se libérer de la chape de plomb que le cinéaste impose par l’ambiance constituée et la lenteur du rythme. Le film est plombant vous l’aurez compris, et il faut sans doute s’y préparer un peu. Car malgré son caractère irrémédiablement pessimiste et glacial, Un Garçon fragile réaffirme l’ intransigeance de Mundruczó. Le cinéaste peut-être autant écoeurant, voir dérangeant, mais son potentiel est immense.

Benoît Thevenin


Un Garçon fragile – Le Projet Frankenstein – Note pour ce film :


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Aucun commentaire sur “Un Garçon fragile – Le Projet Frankenstein (Szelid teremtes – A Frankenstein Terv) de Kornél Mundruczó (2010)”

  1. Joséphine dit :

    Je viens de découvrir votre site, par hasard.

    Et sincèrement, j’adore!!!

    Je suis actuellement en terminale ES
    et l’année prochaine (si tout se passe bien), je souhaite faire une Licence Métiers de la Culture (UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LILLE)..

    Bref, je crois que pendant les vacances, je vais profiter pleinement de votre site.

    Bonne continuation

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