« Que peut le cinéma face à la guerre ? ». C’est cette interrogation qui a nourrit l’idée originale de ce long-métrage. Les deux réalisateurs invitent Catherine Deneuve, icône du cinéma international, à rencontrer Rabin Mrouhé, acteur libanais fétiche des cinéastes. Les deux comédiens vont traverser ensemble un pays ravagé par la guerre, avec l’espoir de voir à travers eux une beauté resurgir de sous les décombres.
Je veux voir arrive presque en même temps que le film, entre fiction et documentaire aussi, de Philippe Aractingi Sous les bombes. Comme l’héroïne de ce film, Deneuve et Mrouhé traversent du nord au sud un Liban apocalyptique. Ce qui les distingue de l’héroïne du film d’Aractingi est cependant très clair. Eux, ne cherchent rien de précis, seulement veulent-ils constater l’état du Liban au Moment-M de ce tournage, en juillet 2006.
Dans la première minute du film, le dispositif de mise en scène est énoncé par les cinéastes. Catherine Deneuve, que l’on essaye de convaincre de bien réfléchir à ce dans quoi elle s’embarque, regarde l’horizon depuis la baie vitrée de l’aéroport de Beyrouth. Elle le martèle à plusieurs reprises « Je veux voir ».
Le Liban est un pays en perpétuelle reconstruction. Ce que Catherine Deneuve arrive à voir dans ce ce film, se sont les ruines des immeubles détruits. On ne les verra bientôt plus, le Hezbollah rasant et reconstruisant à vitesse grand V. L’aventure à laquelle se mêle les deux acteurs est imprésivible. Les cinéastes en captent toute la vérité et c’est ce qui rend le film impressionnant et passionnant. Une discussion anodine sur la ceinture de sécurité dans les voitures en dit plus long sur la soif de liberté des libanais que la pluspart des discours théoriques.
Au milieu du film, un écran noir interrompt brièvement le périple des acteurs livrés à eux-mêmes ; comme si les cinéastes interrogeaient à ce moment les spectateurs sur leur désir, à eux aussi, de voir. Le film prend une tournure inattendue et saisissante lorsque la voiture dans laquelle se trouvent les acteurs pénètre un chemin miné. Deneuve a t’elle vraiment risquée de sauter sur une mine ? Rien que l’idée, dans sa démarche, est admirable et prouve à quel point le film est courageux, à quel point le Liban est redevenu un pays incertain.
B.T
Je veux voir – Note pour ce film :