P.S. d’Elkin Tuychiev (2010)


FICA Vesoul 2011 / Cyclo d’Or

Absent du festival de Vesoul ou son film était présenté, Elkin Tuychiev a fait lire une lettre dans laquelle il témoigne de sa déception de n’avoir pu accompagner sa bobine. La lettre n’avait rien de banale. Elle était au contraire pleine d’esprit et laissait augurer du meilleur pour la projection. Le sentiment n’allait pas être déçu.

P.S commence par un plan-séquence dans un bar qui démarre en gros plan sur une reproduction de La Joconde de Leonard de Vinci accrochée à un mur. Lacrimosa, extrait du Requiem de Mozart, accompagne ce premier mouvement. D’emblée, un cadre majestueux est fixé, qui donne la mesure de l’ambition, voire de la mégalomanie du cinéaste, et qui impose un certain poids.

Le film se déroule dans un petit village de province en Ouzbékistan et raconte la relation conflictuelle entre deux frères. L’aîné vit au village et est un modeste réparateur de télés. Le cadet enseigne à la ville et leurs caractères s’opposent radicalement, autant que campagne et cité. Le frère ainé, homme humble et travailleur, ne supporte pas son jeune frère, son attitude légère, son irresponsabilité, ce snobisme qu’il affiche en faisant état de tant de références culturelles qui échappent au grand frère. Celui-ci développe une haine véritable car il se sent méprisé, jaloux peut-être, et sombre peu à peu dans la paranoïa et la folie.

Accompagné tout du long par le Lacrimosa de Mozart, P.S. impressionne par son intelligence couplée à une mise en scène riche et implacable, dans laquelle on devine tout le poids des machines déployées lors du tournage. La force du film est puissante. C’est un voyage vers la folie qui ne nous malmène pas, qui n’est pas malsain, mais nous assomme, dans le bon sens du terme, par son caractère brut, obsessionnel, et surtout pas désespéré.

Benoît Thevenin


P.S. – Note pour ce film :
Année de production : 2010


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