Premier film de la jeune cinéaste Rusudan Pirveli, Susa suscite divers constats.
Déjà, si l’histoire relève de l’anecdote (un jeune garçon qui fait de la contre-bande de bouteilles de vodka pour survivre, mais qui se fait aussi racketer régulièrement par plus âgés que lui), le film en lui-même est intéressant pour la façon sérieuse et rigoureuse dont il est mis en scène. Rusudan Pirveli a semble t’il un vrai regard de cinéaste qu’il parait là difficile de lui nier. Puisqu’à l’heure actuelle, elle est déjà en tournage de son deuxième long, on sera curieux de découvrir la suite.
Le second constat, c’est celui d’une Géorgie complètement sinistre et qui ne fait pas du tout envie. Au-delà des problèmes politiques que l’on connait déjà via l’actualité peu enthousiasmante dans le pays, l’image que nous propose la cinéaste est assez effrayante. Tout est misère, insalubrité et désordre. Rien n’échappe à ce constat là.
Le dernier constat, c’est celui d’un cinéma géorgien qui semblerait émerger de cette sinistrose ambiante. On pense en effet à la découverte que constituait L’Autre Rive de George Ovashvili l’année dernière (auparavant, le film fut primé au festival Paris Cinéma en 2009). L’Autre Rive et Susa partagent d’ailleurs quelques autres points communs, notamment leurs personnages principaux, des gamins de 12 ans qui cherchent à s’en sortir dans la Géorgie actuelle.
Le film d’Ovashvili ne montrait pas son pays dans un meilleur état que la facette que nous livre Rusudan Pirveli, mais il était aussi plus ambitieux, évoquait les blessures du pays, ses divisions et les conséquences des années de guerre. Autant de questions qui ne transpirent pas du tout de Susa, un film simple, mais aussi – on le rappelle – un premier film. Pour un premier essai, c’est donc plutôt prometteur. Et Ovashvili n’est plus le seul cinéaste géorgien dont on a envie de découvrir le prochain film
Benoît Thevenin
Susa – Note pour ce film :