On connait Majid Majidi pour « Les Enfants du ciel » et « La Couleur du paradis », films poétiques où le cinéaste brille par son talent à filmer l’enfance. « Le Père », un de ses premiers longs-métrages, raconte également une histoire du point de vue d’un adolescent mais le récit est là plus dur, quand bien même il demeure moraliste.
Merolah, le héros, est un jeune homme qui après la mort tragique de son père dans un accident de moto, part retrouver sa mère, isolée loin de la ville avec ses trois jeunes soeurs. Merolah découvre que sa maman s’est remariée avec un policier, ce que Merolah n’accepte pas du tout. Il rentre immédiatement en conflit avec ce dernier…
Le personnage du policier incarne une double autorité, celle du chef de famille et celle de représentant du pouvoir qu’il sert. Merolah se comporte alors doublement en dissident et son attitude vis à vis de son beau-père est donc risquée. Majid Majidi n’est cependant un cinéaste contestataire, il investit un autre registre. Le Père, comme ses futurs films, à valeur de fable et à ce titre, la morale sera bien présente en conclusion. La révolte ne sonnera pas bien longtemps.
Dans ce film finalement très traditionnel, chacun est bien dans son rôle et n’en sortira guère. Les femmes sont au foyer et n’ont pas droit de cité quand les hommes se disputent le pouvoir, sous fond de couardise des uns et des autres. Majid Majidi livre cependant quelques clés de son cinéma à venir : une mise en scène souvent symbolique, des héros adolescents, et une action qui se déroule dans les campagnes magnifiques de l’Iran ; ici le désert, lieu hautement significatif ou les personnages trouveront sans surprise leur salut.
B.T
Le Père – Note pour ce film :