« Nous avions l’ambition folle de faire du merveilleux avec de l’ordinaire » confiait Yves Caumon, le réalisateur, lors d’une avant-première.
Un couple de citadins et leurs deux enfants achète une vielle maison rurale tombée en décrépitude. Ce qu’ils ignorent, c’est que le fils des propriétaires décédés, Raymond – que tout le monde ou presque croit mort – continue de vivre dans cette maison. Lorsque la famille emménage, Raymond se cache. Il se réfugie au fond du puit dans la cour où il s’aménage une sorte de nid. La nuit, il remonte à la surface, lave ses vêtements dans la piscine des enfants. Bientôt, il va entretenir avec eux une sorte de relation à distance. Les enfants lancent des objets dans le puit. Ils réapparaissent comme par magie au matin dans la maison. Et jamais vraiment rangés à leurs places.
Le film se construit autour de cette trame. Personne ne voit Raymond mais les enfants croient en sa présence, ou tout au point en la présence d’un fantôme sympathique. La petite fille croit ainsi le nourrir lorsqu’elle lance de la nourriture au fond d’une imposante machine agricole abandonnée dans la grange.
Cette présence de fait intrusive pourrait être le point de départ d’un film beaucoup plus inquiétant. Le jeu de cache-cache qui se joue perpétuellement confère au contraire au film une atmosphère ludique. Cette famille est très atypique. Le père ne travaille que l’été lorsqu’il remplace le dentiste du village. Pour son premier jour, il traîne les pieds comme un enfant capricieux le jour de la rentrée des classes.
Ce couple et ces enfants sont en eux même suffisamment fantaisistes, léger et frais pour que cette histoire reste crédible. La crédibilité n’est ici pas pourtant l’objet de toutes les attentions. Ce qui importe c’est d’abord l’alchimie entre les personnages et c’est bien ainsi qu’une réelle magie opère.
Avec ce film, on n’est pas si loin des aventures de Monsieur Hulot. Tout repose sur une sorte de comique burlesque. Cache-Cache n’a pas la prétention de faire du Tati mais probablement que ceux qui aiment ses films s’y retrouveront.
Bernard Blancan est formidable et sa présence minétique, tout en nuance, fait par ailleurs inévitablement penser à Buster Keaton. La même mélancolie, la même profondeur énigmatique et quelques part rassurante
Le monde sombre de Raymond s’oppose au monde coloré et enjoué de cette famille, les couleurs vivent des volets, de la boîte aux lettres, de la balançoires et des divers objets.
Cache-Cache est une merveilleuse petite fantaisie. Le film devrait ravir petits et grands.
Nous avons sans doute tous eu cette sorte de crainte enfantine de ‘méchants’ qui se dissimuleraient sous nos lits la nuit. C’est d’ailleurs plus ou moins le point de départ du Monstre et cie de Pixar. Avec ce film, Yves Caumont s’amuse aussi de cette idée.
Le principe de cache-cache est aussi l’occasion pour le cinéaste de travailler sa mise en scène avec brio. Yves Caumon joue à merveille avec le hors champs et la partie de cache-cache est d’autant plus ludique et enjouée.
Enjouée comme Lucia Sanchez, lumineuse. Laissez-vous tenter, vous ne serez pas déçus. Cache-Cache est très sûrement la plus belle curiosité de ce début d’année.
Benoît Thevenin