Il faut croire que le cinéma français est nostalgique des grandes figures de l’âge d’or Hollywoodien. Après Adieu Gary (pour Gary Cooper) par Nassim Amaouche, voici que nous découvrons (que) Robert Mitchum est mort.
Pourquoi Robert Mitchum cette fois ? Parce que Robert Mitchum déclara – c’est sur ça que le film commence – que si Rintintin pouvait devenir une star, alors lui aussi. En clair, il faut croire en sa bonne étoile car il n’y a a priori pas de raison à échouer dans sa quête quand d’autres réussissent, à fortiori si un chien y parvient.
On a pourtant peu d’illusions concernant les anti-héros du film. Franky (Pablo Nicomedes) est un acteur raté, la gueule cassée et le talent absent, dépressif, mais qui poursuit quand même ses illusions de gosse, être acteur de cinéma, jouer au cow boy dans des films qui feraient de lui une vedette. Arsène (Olivier Gourmet), son manager looser grande gueule et un peu voyou, l’embarque dans une voiture volée pour un improbable périple à travers l’Europe et à destination d’un festival perdu au milieu du cercle polaire. Là bas ils doivent rencontrer George Sarrinef, un grand réalisateur américain oublié mais qui préparerait un nouveau film. C’est dit, Sarrinef fera de Franky une star.
Road movie atypique est décalé, Robert Mitchum est mort doit autant à la mélancolie de Jim Jarmush à ses débuts qu’à la folie d’Aaltra, la couleur en plus. Comme dans le film de Délépine et Kervern, le duo s’aventure par delà une terre lointaine et froide, à tel point que l’on s’attend à une nouvelle rencontre avec Aki Kaurismaki. Elle arrive cette rencontre, mais pas comme on pourrait le croire. C’est dans l’esprit que l’on retrouve Kaurismaki, dans l’humour et le sarcasme, tout aussi bien que dans le rock’n roll. La collision entre les univers de Jarmush et Kaurismaki fait de Robert Mitchum est mort un film singulier, attachant ; joliment réalisé par Olivier Babinet et Fred Kihn pour leur premier long-métrage, et avec une musique qui tient également une très bonne place (excellente B.O du groupe Cheveu.)
Dans leur périple, Arsène – ancien rockeur – et Franky tombent notamment sur un musicien black (Bakary Sangaré), sorte d’apôtre rockabilly avec la coiffure qui va avec. Chacun est unique en son genre, parait un peu fou, mais se débat quand même pour matérialiser son rêve initial. « Faut faire avec ce qu’on a, même si on a pas grand-chose« . C’est la leçon du rock’n roll telle qu’elle est enseignée dans le film et la phrase suffit à résumer chaque personnage.
Insolite et drôle, Robert Mitchum est mort mérite la découverte. Pour peu que l’on apprécie les univers singuliers, il n’y a vraisemblablement pas de risque à s’y essayer.
Benoît Thevenin
Robert Mitchum est mort. – Note pour ce film :
Sortie française le 13 avril