Im Kwon Taek est l’aîné du cinéma coréen. Il y a quelques années encore, il était le seul cinéaste de son pays à diffuser avec succès son œuvre à travers le monde. Aujourd’hui encore, Im Kwon-taek est, en quelque sorte le père du cinéma coréen. Avec la nouvelle génération, Im Kwon-taek présente à priori moins de similitude.
Le nouveau cinéma coréen s’est occidentalisé, hollywoodisé aussi (cf des films comme La Princesse du désert, Shiri ou les films de Park Chan Wook) en même temps que ses auteurs sont de plus reconnus (Kim Ki-Duk, Im Sang-Soo, Hong Sang Soo…). Longtemps considéré comme un moderne, Im Kwon-taek passe aujourd’hui pour un cinéaste porté sur la culture et les valeurs traditionnelles.
Ivre de femmes et de peintures, sortit en 2002 et présenté à Cannes, s’inscrit dans ce registre là.
Le film s’inspire de la vie du peintre « Ohwon » Jang Seung-Ub. Ivre de femmes et de peinture prend ainsi pour cadre la Corée de la deuxième partie du XIXème siècle.
Le titre français du film nous renvoie parfaitement à l’image connue d’Ohwon et à ses paradoxes. Peintre de génie, Ohwon était aussi réputé pour son goût pour la boisson et les femmes. Selon Kim Young-Oak, le scénariste du film, « Ohwon buvait jour et nuit, mais jamais trop, mais jamais il n’était tout à fait sobre ».
A cette époque, les distinctions de classes sont très marquées. Ohwon n’appartient à aucun groupe précis. Il est un ex-mendiant qui a bâtit sa fortune, sa popularité etc. grâce à son exceptionnel don pour la peinture. De par son talent, il était capable d’attirer l’attention de tous et ce, au delà de toute question de classes sociale.
Par la stupéfiante beauté plastique qui se dégage de ses plans, le cinéaste semble comme vouloir rivaliser avec le personnage.
Ivre de femmes et de peinture est comme un tourbillon de couleurs dans laquelle se noie une sorte d’érotisation des rapports entre Ohwon et les femmes qui l’entourent. Ohwon puise son inspiration aux contacts de ces femmes, elles sont le moteur de sa puissance créatrice.
Parmi les rares films de Im Kwon-taek sortit en France (car il en a réalisé au total près d’une centaine), il est intéressant de se référer aussi à La Chanteuse de Pansori et au Chant de la fidèle Chunyang. Il y a beaucoup de similitudes entre tous ces films, une beauté plastique hors norme, une poésie etc.
A noter que le peintre est interprété dans Ivre de femmes et de peinture par Choi Min-sik. Une star en Corée. Le public occidental commence lui aussi à bien le connaître puisque l’on retrouve Choi Min-sik dans quelques films bien connus par ici : Failan de Hae Sung-Song (2001), Shiri (1999) et Frères de Sang (2004) de Je-gyu Kang mais aussi et surtout Old Boy (2003) et Lady Vengeance (2005) de Park Chan Wook.
Ivre de femmes et de peinture – Note pour ce film :
Sortie française le 27 novembre 2002
