Au moment de la sortie de Chrysalis, son premier long-métrage en 2007, Julien Leclercq nous promettait L’Assaut, qu’il projetait alors ainsi « comme un Soldat Ryan dans le cockpit »… No comment.
Chrysalis lorgnait largement du côté de Minority Report. Esthétiquement le film avait une certaine allure, le scénario était autrement plus indigent. L’Assaut arrive dans les salles presque quatre ans plus tard, et plutôt que de pomper encore Spielberg, c’est plutôt du côté de Paul Greengrass et son excellent Vol 93 que Julien Leclercq puise son inspiration cette fois.
L’Assaut raconte la prise d’otage du Vol 8969 Air France en provenance d’Alger, laquelle s’est résolue sur le tarmac de l’aéroport de Marseille Marignane avec l’intervention du GIGN, le 26 décembre 1994. Les terroristes du Groupe Islamique Algérien avait planifié le crash de l’avion sur la Tour Eiffel, d’après les conclusions de l’enquête. La prise d’otage ayant échouée, l’évènement représente un des plus haut fait de gloire du GIGN.
Julien Leclerc ne vise avec son film qu’à une seule chose : le spectacle pour le spectacle. Les faits historiques, les réflexions morales et idéologiques, la politique etc. tout ceci n’occupe qu’une place secondaire, fait partie du background nécessaire à la construction du scénario (basique) avec comme seule visée l’assaut mené par le GIGN.
Le réalisateur choisit d’épouser le regard de l’adjudant-chef Thierry Prungnaud – dont un carton en conclusion nous apprend que son rôle dans l’intervention n’a pas été reconnu à sa juste valeur par l’Etat – pour héros.
Le film balance ainsi entre scène mièvres pas si nécessaires que cela avec l’épouse de Thierry Prungnaud et son jeune fils, et le déroulé de la prise d’otage à proprement parler, la seule partie réellement efficace du film. La part politique du métrage, avec Carole Jeanton (Mélanie Bernier), jeune conseillère au Quay d’Orsay ambitieuse et téméraire, est un peu entre les deux : pas franchement convaincante, mais pas ratée non plus.
Tout l’intérêt du film concerne donc la prise d’otage. La tension est forte, les terroristes emmenés par Aymen Saïdi dans le rôle de Yahia sont parfaitement incarnés. Julien Leclercq maîtrise cet aspect là du film avec une vraie réussite.
Le réalisateur choisit l’immersion en caméra à l’épaule, et la réalisation tient largement la route. Les scènes sont lisibles, la caméra bouge raisonnablement. Julien Leclerc n’est peut-être pas Paul Greengrass mais il sait y faire quand même. L’esthétique du film, très grise et dans la lignée du frigorifique Chrysalis, tient également la route. Et puis survient l’assaut vanté par le titre et là, Julien Leclerc n’abandonne rien de sa maîtrise technique, la séquence est forte, relativement saisissante, et particulièrement bien montée, avec notamment l’intégration intelligemment faite des images d’archives du journal télé de l’époque.
Là ou le bât blesse, c’est dans le sort fait à Thierry, sorte de héros kamikaze qui tombe le premier et sur lequel Julien Leclercq reste trop, dans le but d’en faire un héros absolu sans doute, au risque de le rendre pathétique plus sûrement. Surtout que, si le montage est habile, Julien Leclercq ne nous épargne pas les contre points-de-vue sur le visage terrifié d’inquiétude de l’épouse (Marie Guillard). Cette part là du film, celle de la famille de Thierry, plombe vraiment le film dans son ensemble.
Au final, L’Assaut se révèle une entreprise efficace et réussie en son genre, à condition de ne considérer le film que pour ce qu’il est, un film de divertissement pur qui remplit honorablement sa mission, qui est réalisé proprement, et incarné par des acteurs pour la plupart justes dans leurs fonctions. Etant donné la déception qu’avait représenté pour nous Chrysalis, on en espérait pas forcément autant.
Benoît Thevenin
A la fois déçu et agréablement surpris… L’incroyable reconstitution de l’assaut est vraiment impressionnante, on est en plein dedans, action-angoisse-émotion font que la partie sur l’opération à proprement dite est une totale réussite. Cependant, et malheureusement, le film est plombé par des scènes « larmoyantes » dès le début. C’est triste car justement un tel thème n’avait nullement besoin de tels artifices. L’épouse est tout aussi fautive car l’interprétation de Marie Guillard ne fait aucune nuance dans son jeu angoisse-peur entre le début du film (mission non encore connue) et lors de l’assaut ; son surjeu crée une invraisemblance bien dommageable. Sans ses malheureuses scènes ce film serait un must dans le genre. 2/4
Idem, à la fois déçu et agréablement surpris.
De longues longueurs (sic) sur le background, qui au final se révèlent nécessaires pour la compréhension de certains personnages.
Prise d’otages réalisée à merveille, dont j’ai trouvé au final insuffisante dans le film. Mais avec du recul, je me demande si les scènes d’action, en prenant plus de place dans le film, n’auraient pas nui au rythme ou dégradé leur qualité.