Dans la province minière de Kangwon, une petite fille de neuf ans vit seule avec son père licencié par la mine et alcoolique, ainsi qu’avec son frère ainé, attardé mentale. Malgré son jeune âge, Young-lim fait preuve d’une débrouillardise à toute épreuve. C’est elle qui veille sur les deux hommes de sa famille plutôt que le contraire.
La Petite fille de la terre noire est le premier film de Jeon Soo-il a voir été distribué dans les salles françaises, quelques temps après le Lotus d’Or remporté au festival de Deauville Asie en 2008. Le cinéaste s’était cependant révélé dès 1997 avec L’Echo du vent en moi (présenté à Cannes dans la section Un Certain regard), qui est donc resté inédit en France. Destination Himalaya, son film suivant réalisé en 2008 est lui sorti dans quelques salles françaises en 2010. Voilà pour ce qui est de resituer Jeon Soo-il. Dans le cadre global du cinéma coréen des années 2000, foisonnant et souvent passionnant, il n’est pas le plus connu des cinéastes du pays, ce qui ne signifie pas qu’il faille se détourner de lui.
On peut reprocher à La Petite fille de la terre noire ses accents extrêmement misérabilistes. La barque est en effet plutôt chargée pour la pauvre petite héroïne : chômage, maladie, alcoolisme, handicap, insalubrité et misère. Rien ne nous est épargné. Young-lim est heureusement une enfant très attachante, gentille et déjà très responsabilisée. Elle est le rayon de soleil qui illumine le contexte très noir de cette province minière et de cette famille monoparentale qui accumule les difficultés. On lui donnerait le bon Dieu en confession…
Malgré la carte postale telle qu’elle est présentée, Jeon Soo-il réussit à surprendre. Le film ne tombe miraculeusement pas dans le mélodrame pur et dur et si l’émotion affleure, c’est autrement, parce que la narration emprunte une voie singulière, certainement pas imprévisible (surtout quand on se souvient de l’usage de la mort-aux-rats dans La Servante de Kim Ki-young), mais qui laisse quand même sans voix. Cette petite fille, on n’est pas prêt de l’oublier.
Benoît Thevenin
Sortie française le 11 février 2009