Soi Cowboy de Thomas Clay (2008)

Thomas Clay n’a pas trente ans qu’en deux films a peine il s’impose comme l’un des réalisateurs les plus insupportables du moment. Pourquoi cette cinglante accusation ? Parce que déjà dans son premier film, l’extraordinaire The Great Ecstasy of Robert Carmichael, Thomas Clay montrait ostensiblement a quel point il est persuadé d’être un grand metteur en scène. Avec son ambitieuse mise en scène, il pouvait en effet s’enorgueillir d’un talent hors norme. Là ou Thomas Clay commence sérieusement à devenir inbuvable, c’est quand il réalise Soi Cowboy, commençant déjà à se regarder le nombril et à s’auto-référencer.

Soi Cowboy part d’une idée simple qui a son charme : la relation entre un anglais obèse et une jeune et frêle thaïlandaise enceinte à Bangkok. Ils ne communiquent pas, elle se refuse à lui mais malgré tout, on sent une certaine affection entre les deux. Dis comme ça, Soi Cowboy peut sembler intéressant. Mais Thomas Clay n’avait rien à dire, rien a raconter, juste un peu de péloche et d’argent à dépenser. Il s’amuse à perdre le spectateur dans le le vide sidérale de ses plans-séquences inutiles.

Le comble est atteint lorsqu’il abandonne ses personnages pour suivre gratuitement une vieille dame avançant très difficilement avec son déambulateur dans un couloir. Le couloir est sans fin et l’on sent qu’on est parti pour la regarder dix minutes durant pour arriver au bout. A mi-chemin, elle fait demi-tour, provoquant rires et sarcasmes. Thomas Clay joue avec ses spectateurs mais il n’a pas grand chose à dire. Il filme interminablement des cafetières ou autres objets utilitaires et abandonne ses deux personnages à une cohabitation morne et silencieuse dont il semble quelque peu se moquer. Le noir et blanc granuleux ajoute au style paresseux du cinéaste qui par quelques allusions aimeraient sans doute nous faire croire qu’il dénonce l’attitude des occidentaux en Thaïlande.

On bascule subitement vers la couleur. L’envers du décor. Bref, peu d’idée, rien d’intéressant, juste une impression d’être le nez dans la farine. Prétentieux en plus lorsque le cinéaste cite Robert Carmichael ou lorsqu’il relate au téléphone une discussion sur l’accueil de ce film à Cannes. On s’est bien foutu de nous…

Benoît Thevenin

Soi Cowboy *

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