Markus Schleinzer, directeur de casting d’à peu près tous les films autrichiens parvenus en France ces dix dernières années, voit son premier long-métrage de cinéaste présenté directement en compétition à Cannes, sans doute bien aidé par Michael Haneke avec qui il a travaillé. La comparaison avec Haneke va inévitablement être faite, tant Michael se situe justement dans la lignée du travail du réalisateur de Funny Games. Schleinzer ne se place pas en professeur de morale comme son compère, et ne joue pas non plus les cinéastes malipulateurs. En revanche, il explore au moins une thématique chère à Haneke, celle de la banalisation du mal.
Michael est un pédophile d’une trentaine d’année, bien intégré socialement, apprécié de sa famille et de ses collègues, mais qui détient séquestré dans son sous-sol un enfant qui est son esclave sexuel. Michael joue la carte de la docilité, il n’est pas particulièrement violent à l’égare du garçon, mais il lui inflige donc régulièrement des viols. Le pitch n’est pas sans rappelé l’affaire de Natacha Kampuch, jeune fille autrichienne enlevée pendant son enfance et retenue prisonnière par un pervers pédophile pendant plusieurs années. Les faits dans le film ne sont pas les mêmes que ceux de l’affaire Kampuch, mais on ne s’étonne pas que le film nous vienne d’Autriche tant l’affaire a secoué le pays.
Markus Schleinzer joue a fond la carte de la banalisation de l’horreur. C’est le seul sens du film, les pervers peuvent être parmi vos amis, vos collègues, vos voisins, ou pire votre famille, et vous ne le savez pas. En revanche, le cinéaste évite soigneusement de choquer le spectateur, sous entend les faits les plus malsains et les plus cruels, mais ne s’y confronte pas directement. C’est un parti pris tout à fait louable, qui n’enlève absolument rien au côté dérangeant du film, mais ca l’éloigne en même temps de tout sentiment provocateur. Le neo cinéaste n’a pas ce goût là et pense que son sujet est suffisamment horrible en lui-même, et on ne peut que lui donner raison. Et s’il ne se place pas en père la morale, il réussit quand même à provoquer un certain malaise par la façon dont se conclu le film. Nous ne la révèleront pas, juste pouvons nous dire que les bourreaux sont souvent démasqués trop tard. On le savait déjà, l’actualité nous l’enseigne assez souvent, mais se le voir rappeler ainsi, ça fait quand même son petit effet, et même un peu froid dans le dos.
Benoît Thevenin
Michael
Sortie française le 9 novembre 2011
Un des films les plus décriés à Cannes mais un de ceux qui me tentent le plus…
Quasiment tout pareil, du coup est-ce que ça vaut vraiment la peine que je fasse aussi une critique ? 😉