Kardiogramma de Darejan Omirbaev (1995)

Un jeune enfant dans un village kazakh. Il ne parle que la langue kazakhe. Parce qu’atteint d’une maladie, il est placé pendant un mois dans une institution où il sera soigné. Là-bas, tous les autres enfants parlent russe. Ainsi, il ne s’intègre pas à la vie collective mais l’observe en retrait.

Le récit est donc celui de ce silence contraint. Le cinéaste s’adapte à la situation et en capte la subtilité, la poésie. C’est donc un cinéma d’observation, contemplatif, sensible et touchant.

L’enfant se réfugie dans ses rêves, ses fantasmes. Il s’éveille à la sexualité, caresse les corps dénudés de reproductions de tableaux, regarde son infirmière nue sous la douche… Il tombe amoureux de cette infirmière. Aucun dialogue n’est possible avec elle, de la même manière qu’avec avec n’importe qui d’autre. Alors, il regarde et imagine. Point. Le seul contact sensuel qui les lie est quand elle lui pose un pansement sur le genou. Insignifiant ? Non, chargé de sens, surtout pour le garçon. L’enfant doit aussi s’opposer au médecin chef, qui lui aussi convoite l’infirmière. Ils s’engageront dans un duel iconoclaste, presque burlesque où l’enfant, gardien de but, repousse chacun des tirs du docteur. Dans cette scène de football, l’enfant marque son caractère, sa volonté.

Omirbaev parsème sa mise en scène de symboles, ses cadrages sont soignés et son montage très finement mené.

Kardiogramma est un formidable film sur l’enfance et sur l’incommunicabilité. Le film est disponible en DVD. Découvrez le, vous serez à coups sûr charmés.

Benoît Thevenin


Kardiogramma – Note pour ce film :
Sortie française le 5 mars 1997

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