Ecrit par Duncan Brantley, journaliste à Sports Illustrated, Jeux de dupes devait à l’origine être réalisé par Steven Soderbergh, avec Clooney au casting. Le projet ne se concrétisa pas mais George Clooney le repris en main quelques années plus tard pour ce qui allait être son troisième film de cinéaste. Ses débuts avec Confessions d’un homme dangereux puis Good Night and Good luck furent prometteur. Jeux de dupes s’inscrit dans un registre très différent, moins sérieux et même loufoque, pas très lointain des screwball comedies de Capra ou Hawks, bien que toute comparaison soit osé. On est plus tenté par un rapprochement avec O’Brother des frères Coen – avec Clooney également – lequel se déroule comme Jeux de dupes pendant les années 20 et avec un autre point commun, ses chemins de fer souvent empruntés tout au long de leur récit. Les deux films n’ont cependant que peu de rapports.
Avec Jeux de dupes, George Clooney revisite les débuts du professionnalisme dans le football américain. Les règles ne sont pas complètement fixées et source de querelles pour un jeu déjà très brutal. La Grande dépression a raison des Bulldogs, l’équipe de Dodge Connolly (George Clooney). Lâché par leur sponsor, l’équipe est dissoute et les joueurs repartent à la mine. Dodge, qui a dépensé sa jeunesse dans les parties de foot US, n’a aucune qualification pour envisager une reconversion. Dans le même temps, Carter Rutherford (John Krasinski), un jeune joueur héros de la Grande guerre et de retour du front européen, remplit à lui tout seul les stades universitaires. Dodge flaire là une bonne occasion. Il part retrouver Carter, le convainc de rejoindre son équipe, et profite de sa popularité pour reformer les Bulldogs. Carter cache cependant un secret que la journaliste Lexie Littleton (Renée Zellweger) cherche à percer. Seule femme dans un univers viril, elle déclenche aussi bientôt une rivalité amoureuse entre Carter et Dodge…
Avec cette histoire, George Clooney déplace l’action des champs de bataille de la Première guerre mondiale sur les terrains boueux de football. Les parties consistent en de véritables batailles rangées, les coups ne sont pas permis mais fleurissent quand même. Dans ces cadres anarchiques, la tromperie est possible. Carter n’est pas le héros qu’il prétend être et Dodge reproduira la même entourloupe pour vaincre son rival dans le dernier match. Les jeux de dupes sont multiples et Lexie Littleton n’est pas la dernière à dissimuler ses intensions réelles.
Le film se déroule dans un cadre pittoresque qui est le terrain idéal pour les pitreries qui émaillent le récit. Sur et autour du pré rectangulaire, c’est un joyeux bordel qui s’organise ou celui qui sortira vainqueur sera celui qui manifestera le plus de vice. On retrouve ainsi, dissimulé sous l’épaisse couche de boue qui colle aux tenues des athlètes, les thèmes chers à Clooney dans les films qu’il réalise : double-jeu, mensonges et confrontation dans les coulisses de la lumière médiatique. Jeux de dupes est certes moins passionnant que les précédentes tentatives du cinéaste Clooney mais est quand même une comédie maligne, enlevée et dès plus plaisante qui n’a en plus aucune autre ambition que de divertir. Il le réussit donc très bien.
Benoît Thevenin
Jeux de dupes
Sortie française le 23 avril 2008
Film hyper sympa sans prise de tête avec un George Clooney charmeur et hilarant dans une autodérision parfaite. La reconstitution de l’époque année folle et foot US nous fait revivre un pan d’histoire de façon joyeuse et sans prise de tête. On rit et le sourire est de rigueur tout du long … 2/4