On commence a beaucoup parler de Vincent Macaigne, metteur en scène avec « Au moins j’aurai laissé un beau cadavre » d’une adaptation très libre de Hamlet qui a fait fureur au dernier festival d’Avignon, et encore au théâtre de Chaillot il y a quelques semaines.
Vincent Macaigne est aussi comédien. On le retrouve dans les deux premiers films de Guillaume Brac, un court (Le Naufragé, 24 min, 2009) et un moyen-métrage (Un Monde sans femmes, 58 min, 2011) réunis dans un même programme pour l’exploitation en salle. Il y incarne un même personnage, Sylvain, un garçon timide, trentenaire naïf et maladroit, qui porte presque toujours une chemise à carreaux.
Dans la première scène d’Un monde sans femmes, Sylvain peine à ouvrir l’appartement de location qu’il remet à deux vacancières enjouées et s’en sort finalement par un « Bienvenue à bord » qui est sans doute adressé aussi aux spectateurs. Il y a un écart d’âge manifeste entre les deux filles, mais pas assez marqué pour que l’on devine tout de suite si elles sont amies, soeurs ou mère et fille. Les personnages masculins qu’elles croiseront seront pris d’un même doute. Ce relatif mystère permet une ambiguïté et une certaine liberté dans les relations et les échanges.
Ces deux filles débarquent dans un monde sans femmes, une station balnéaire sur la côté picarde la dernière semaine d’août. Il n’y a à priori pas grand chose à faire ici et un certain ennui pointe son nez. Si la plus jeune des deux (Constance Rousseau, qu’on a grand plaisir à retrouver après Tout est pardonné de Mia Hansen-Løve en 2007) se montre réservée, l’ainée est elle plus joueuse et spontanée.
Le film oscille entre légèreté et cruauté mais avec beaucoup de malice et de tact. Les situations sont souvent drôles mais dissimulent un mal être partagé. Patricia (Laure Calamy) dit le contraire, mais elle souffre de ne pas avoir d’homme dans sa vie. Sylvain a lui trop de pudeur et d’appréhension dans son rapport avec les femmes. Au contact de Patricia et Juliette (Constance Rousseau), il se transforme, ou plutôt se laisse balloter puisqu’il ne sait jamais comment faire. Lui qu’on ne voyait qu’avec une chemise à carreaux par dessus son t-shirt se met à ne porter plus que des polos quand Patricia lui fait remarquer que ça lui va bien. Avec beaucoup de maladresse et d’incertitude, il se pose de nouveau la question de cet amour qui sans cesse lui échappe, d’où cette jalousie qui le rend fou quand celui qui est le plus entreprenant obtient ce que Sylvain est incapable d’aller chercher.
Un Monde sans femmes constitue une parenthèse douce et amer à la fois dans la vie des personnages. Chacun sait qu’il retournera à la routine de sa vie solitaire, il n’y a pas vraiment de place pour le merveilleux et l’extraordinaire. Le charme n’est jamais rompu mais le désenchantement l’emporte quand même un peu. Ces amourettes déçues sont celles d’adultes paumés et celle qui réenchante le monde sera la plus inexpérimentée, la plus fragile, mais qui en assistant à ces vains marivaudages apprend des erreurs des autres. Juliette, en retrait de Patricia et Sylvain pendant presque tout le film, agit comme une fée. Elle est touchée autant que séduite par la timidité de Sylvain et l’humiliation qu’il subit. C’est la même chose pour le spectateur, qui épouse le regard de Juliette, se retrouve dans la même position, quand bien même chacun peut se retrouver dans l’un ou l’autre personnage.
Lauréat du Grand Prix du 8e festival de Brive, Un Monde sans femmes est un bien joli film, aux personnages particulièrement attachants et qui affirme l’émergence d’un cinéaste, Guillaume Brac (diplômé de la Fémis), qui a une vraie belle sensibilité. Vincent Macaigne se révèle en même temps un comédien étonnant et talentueux, qu’on imagine volontiers réemployé bientôt. Ce sera peut-être le cas encore avec Guillaume Brac, tant on peut attendre qu’il développe les aventures de Sylvain ; où bien celles de Juliette dont personnage est riche de possibilités…
Benoît Thevenin
Un monde sans femmes (+ Le Naufragé)
Sortie dans les salles françaises le 8 février 2012
VINCENT MACAIGNE EST UN ARTISTE COMPLET, DOUE , INTELLIGENT, HUMAIN, il a beaucoup de qualités, son théatre et son cinéma parlent des souffrances des gens qui n’osent pas lever la voix, les gens qui sont abandonnés et trompés par leur familles abuseurs , puis la société autant inhumain qui les oublient aussi .
VINCENT MACAIGNE son théatre nous parle de ce qui est le fondement de la morale ET non respecté , *c’est de la solidarité humaine, avec son théatre on rit aussi bien qu’on peut réfléchir et pleurer.
Son cinéma est aussi très sensible et parle des gens simples ET sage, parle de la vie de nous tous. L’histoire me semble très touchant où l’éducation et respect nous blessent. Bravo! à Vincent Macaigne, on attend et on veut voir encore et toujours ses mises encènes et aussi au cinéma.Vincent on t’aime .