Présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la critique 2011, Sauna on moon, deuxième long-métrage de Zou Peng après l’inédit A north Chinese girl (Dongbei, Dongbei) en 2009, affiche assez de qualités pour que l’on s’intéresse à l’avenir de près à la progression du cinéaste.
Dans la province de Guangdong dans le sud de la Chine, Wu, patron d’un bordel pudiquement appelé Sauna on moon (ce nom fait référence à une légende chinoise ancienne), entretient son rêve de créer un paradis érotique, bien que les affaires ne fonctionnent pas pour le mieux…
La galerie foisonnante de personnages et une narration pour le moins embrouillée n’aide pas toujours le spectateur à s’y retrouver. Reste que le film est mis en scène avec subtilité et une très grande élégance, avec des séquences qui vont parfois jusqu’à rappeler le Hou Hsiao-hsien de Millenium Mambo ou, surtout, le Jia Zhang-ke de The World. Ce n’est pas vraiment un hasard puisque le directeur photo du film Yu Lik Wai s’est précisément fait connaitre par sa collaboration régulière avec le cinéaste Lion d’Or à Venise en 2006 pour Still Life.
Métaphore d’une Chine qui s’ouvre au capitalisme et à la toute puissance de l’argent, Sauna on moon traite d’un sujet tabou en Chine, la prostitution, sur un mode à la fois réaliste et festif (ce qui ne l’empêchera pas pour autant de se heurter à la censure de son pays). Le film alterne humour, gravité et érotisme soft dans un mélange pop somme toute un peu brouillon et qui manque sans doute de fièvre. Cela dit, l’atmosphère visuelle et musicale imprègne notre conscience, preuve que le film est quand même plutôt réussit.
B.T