Une ambiguïté subsistait au sujet de Tarsem Singh. On attendait avec une relative impatience ces Immortels, avec la mythologie comme cadre somptueux aux obsessions épiques et vaniteuses d’un réalisateur qui a un talent de faiseur incontestable. Avec ses deux premiers films, Tarsem Singh nous montrait déjà ses limites, sans que l’on soit totalement sûrs qu’elles étaient rédhibitoires. Tarsem est un fantastique fabriquant d’images, mais un piètre raconteur d’histoire, ou plutôt, le récit n’est manifestement pas ce qui l’intéresse le plus.
Les Immortels souffre d’un scénario assez crétin, qui puise dans la mythologie grecque de façon grossière, s’inspirant de plusieurs mythes grecs maladroitement mélangés.
L’histoire se résume à un affrontement entre les Dieux de l’Olympes, ici arbitrairement réduits à un club des cinq au charisme proche du néant, et le roi Hypérion (Mickey Rourke). Hypérion traque l’oracle vierge, Phèdre (Freida Pinto), afin de mettre la main sur l’Arc d’Epiros qui lui permettra de libérer les Titans retenus prisonniers des Dieux dans le creux de la montagne Tartare. Une fois libérés, les Titans, qui n’ont rien de titanesques puisqu’ils sont réduits à une bande de sauvages à taille humaine, doivent lui permettre de renverser les Dieux. Au milieu de ce conflit, Thésée, jeune paysan protégé par les Dieux et qui a juré de venger la mort de sa mère, égorgée sous ses yeux par le cruel Hypérion. Zeus charge Thésée de trouver l’Arc d’Epiros, ce qui l’amène à rencontrer la belle Phèdre…
Les fulgurances visuelles de Tarsem compensent mal un film ou le désintérêt pour les mythes grecs est tel qu’il en est insultant pour eux. Sorti d’on ne sait trop où, Henry Cavill est sans doute très content d’être là mais il surjoue complètement et incarne mal l’héroïsme de Thésée. Le pire vient quand même des Dieux de l’Olympes, incarnés par des jeunes acteurs sans aucune épaisseur. Isabel Lucas (Athéna) par exemple, n’a de déesse que sa beauté. Elle est sinon assez inutile et c’est le mythe d’Athéna qui en prend un coup. Le raisonnement est identique pour Poséidon ou même Zeus, qui fait plus figure de papa un peu rustre que de Dieu des Dieux.
Le film souffre vraiment de toutes ces grossièretés. On ne peut s’empêcher de penser que la mythologie grecque mérite meilleures représentations, et sans doute finiront nous par voir une des innombrables histoires de cette mythologie être portée bientôt par un cinéaste un peu plus sérieux et à un tout autre niveau. Tarsem n’avait lui nullement cette ambition. La mythologie lui sert à développer son univers et ses obsessions visuelles, quoique probablement gâchées par la 3D (nous avons vu le film en 2D). En ce sens le film fonctionne plutôt bien. La maîtrise esthétique de Tarsem ne fait pas trop de doute, sauf quand le mélange des genres, quand ces racines bollywodiennes s’invitent dans le cadre, confine parfois au kitsh. Au final, on a un sentiment de gâchis immense. Oui la mythologie est le cadre idéal pour l’expression plastique de Tarsem Singh, mais s’il attachait le même soin à ses histoires, à ses personnages, au casting également, cela pourrait donner tout autre chose et là on aurait enfin raison de saluer le talent de cet homme. Le problème est que Tarsem sait trop bien quel est son talent, et il s’en remet trop facilement à lui. Ah ! S’il pouvait comprendre que le « grand cinéma » ce n’est pas seulement du style et une jolie coquille, mais aussi du fond, du sens et du souffle… Car oui, toutes les faiblesses du film, toutes ses négligences, nuisent énormément au potentiel épique d’une histoire qui sur le papier n’en manque pourtant pas.
Benoît Thevenin
Les Immortels
Les Immortels
Sortie française le 23 novembre 2011
Tu lui mets quand même une bonne note au vu de ce que tu en dis ^^
Moi ce film m’a passablement énervé tout seul sur mon siège. Je n’ai toujours pas compris ce qu’il voulait faire, l’interet de faire un film basé sur la mythologie (en rajoutant pas mal de scènes gores esthétiques car ça fait classe) pour en faire, …ça, presque aller cracher dessus. A part refaire des plans au ralenti et reprendre l’esthétique à la 300…le combat des « 4 pauvres Dieux transparents en slip doré » VS « les Titans-mort vivants pas beaux », (qui sont sensé être des Dieux aussi à la base quand même) est d’un ridicule…
Historiquement du point mythologie ce film est une hérésie… Sans compter certains décors/costumes hideux (les dieux jaune genre Chevalier d’or du Zodiaque version kitsh). Mais le film surnage grâce notamment à quelques scènes magnifiques je pense surtout au combat titans-dieux et la dernière… 1/4