Hotel Magnezit de Béla Tarr (1978)

Quand il réalise son premier long-métrage (Le Nid familial, 1977), Béla Tarr n’est encore qu’un amateur à qui le studio Béla Balάsz a donné sa chance. Une fois le film réalisé, Béla Tarr s’inscrit à l’Ecole supérieure de théâtre et de cinéma de Budapest, qu’il fréquentera jusqu’en 1981 et tourne Hotel Magnezit (1978), court-métrage de 13 minutes (en comptant le générique) dans le cadre de ces études.

« Camarade Szepesi, vous avez dix minutes pour préparer vos bagages et quitter l’hôtel ». Soupçonné de vol, un vieil homme est mis à la porte de l’hôtel  où il loge depuis 18 mois. Il a beau se défendre d’avoir toujours respecté les règles, dans dix minutes il sera jeté à la rue, puisqu’il n’a nul autre endroit où habiter.

Béla Tarr filme cette exclusion en temps réel, avec des comédiens non professionnels, et dans un style documentaire qui est déjà celui adopté dans son premier film. Comme avec  Le Nid familial, le cinéaste cadre ses personnages presque uniquement en plans serrés. Les thématiques se rejoignent  également puisque Le Nid familial décrivait le processus d’exclusion d’une femme, mise à la rue car rejetée par son beau-père chez qui elle vivait et alors que l’Etat est incapable de lui fournir, malgré ses promesses, un logement. Cette problématique du logement est fondamentale chez Béla Tarr dans ses premières oeuvres, comme on le reverra encore un peu plus tard avec Rapports préfabriqués (1982).

Pendant les 10 minutes de Hotel Magnezit, le vieil homme bientôt clochard règle ses comptes avec ses colocataires. Le film est clairement nourri par la rage et l’indignation d’un cinéaste déjà très sensible aux souffrances endurées par les Hommes (d’ailleurs, il faut en profiter là pour dire que ceux qui parlent de misanthropie pour définir le cinéma de Béla Tarr opèrent à un contresens total !).

Benoît Thevenin

Hotel Magnezit ***1/2

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