Quelques semaines après Les Lyonnais d’Olivier Marchal, on retrouve Daniel Duval mais dans un film plus fragile, premier long-métrage de Julien Donada. L’acteur a cette fois changé de camp, passe d’un rôle de truand à celui d’un commandant de police en totale perdition. Le film ne manque pas de charme, de part l’atmosphère que le cinéaste installe, le mystère qui est distillé tout au long de l’intrigue, mais Beau Rivage vaut surtout, quand même, pour la présence de Daniel Duval. L’acteur est de tous les plans ou presque et impose son charisme, sa stature, qui donnent tout de suite plus de poids au film.
Julien Donada nous invite à accompagner ce personnage dont on ne saisit pas forcément les intentions, constamment dans un entre-deux qu’on ne détermine pas. On se demande d’abord s’il n’est pas plutôt un flic à la retraite et qui a du mal à décrocher, de part cette séquence où dans sa voiture il reçoit le signalement d’une camionnette suspecte. Quand il arrive à sa hauteur, il renonce à intervenir.
Cela constitue à la fois la force et la faiblesse du film. On ne saisit jamais très bien vers ou Julien Donada nous mène. On a le sentiment parfois que c’est le cinéaste qui ne sait trop ou aller et puis on change d’avis et l’on croit ressentir les intentions du cinéaste, cette volonté consciente d’installer un récit flottant mais auquel on a parfois du mal à se raccrocher. Heureusement Daniel Duval est donc là, qui nous permet de ne finalement jamais perdre pied.
Le personnage de Michel Matarasso apparaît obsédé, insatisfait et perdu. Il ne trouve un réconfort que dans son rapport imaginaire avec Sandra Bandini (Chiara Caselli), une femme plus jeune que lui, tout aussi secrète, et qui a choisit de mettre fin à ses jours. Le policier se met à infiltrer sa vie, tombe en amour pour cette femme qu’il n’a jamais connu mais avec qui il aurait pu vivre une passion. Sans doute Michel voit en Sandra un reflet de sa propre personnalité. Lui aussi est en naufrage. Il rêve une relation dont les images nous apparaissent moins comme des projections rêvées que comme des souvenirs vécus. Les frontières entre la raison et la folie pure deviennent perméables ou incertaines. Le comportement de Michel est en tout cas de moins en moins compris par son entourage. Le spectateur est tout autant abandonné à sa propre perception, mouvante et troublée. Tout l’enjeu consiste alors à se laisser capter, à se laisser prendre au jeu, mais avec le risque quand même de rester dubitatif…
Benoît Thevenin
Beau rivage
Sortie française le 4 janvier 2012
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