Dans la vie de Philippe Faucon (2008)

Esther, vielle femme juive handicapée, vit seule avec son fils. Elle a besoin d’une assistance permanente mais les femmes qui viennent s’occuper d’elle et partager son temps sont vite éprouvées par son caractère impossible. Selima, jeune infirmière arabe, se charge bientôt de prendre soin d’Esther et noue une complicité peu évidente avec Esther, rendue possible par les origines algériennes des deux femmes.

Depuis ses débuts de cinéaste, Philippe faucon a souvent focalisé son attention sur des personnages féminins (Sabine, Muriel fait le désespoir de ses parents, Samia) et/ou s’est intéressé aux liens entre la France et le Maghreb, l’Algérie surtout. (Samia, La Trahison…). Son précédent film, le plus ambitieux sans doute à ce jour, La Trahison, revenait sur la guerre d’Algérie et le rôle des Harkis.

Dans la vie est un film beaucoup plus modeste et léger… en apparence. Mais en 1h10 à peine, Philippe Faucon brasse une somme de thèmes particulièrement importants et qui lui sont proche : les rapports compliqués entre juifs et arabes, l’intégration, la laïcité, l’émancipation des femmes, la condition des personnes âgées, les rapports intergénérationnel etc. Cette histoire simple est donc riche de questions, mais aussi prétexte à un humour frais et constant. Comme à son habitude, Philippe Faucon a engagé des acteurs amateurs. Le jeu est parfois approximatif mais ce n’est pas ça qui suscite notre attention. La bonne humeur du film, la chaleur et l’enthousiasme des acteurs est simplement communicatif. Les personnages d’Esther et de la maman de Selima son hauts en couleurs et vraiment attachants.

Co-scénarisé avec Faucon par le documentariste William Karel (cinéaste particulièrement intéressé par la politique et les questions sociales, auteur notamment du Monde selon Bush et de Poison d’Avril), Dans la vie est un long-métrage simple, aussi passionnant que régénérant. Le film rappelle, par sa fraîcheur et certains de ces thèmes, l’enthousiasmant La Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche. Dans la vie ne rivalise pas d’ampleur et de souffle par rapport au couscous de Kechiche, mais il y a, d’une certaine manière, la même ambition humaniste, la même ambiance.

Dans la vie, confirme que Philippe Faucon reste un cinéaste libre, un peu marginal et confidentiel, mais important.

Benoît Thevenin

Dans la vie ****

Sortie française le 12 mars 2008

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