L’adaptation de American Psycho par Mary Harron est loin de faire l’unanimité, et pourtant le film est très bon, pas seulement grâce à un Christian Bale au top de sa forme, mais aussi parce que la réalisatrice a, selon nous, tout saisit de l’esprit du livre de Bret Easton Ellis. Mary Harron a un peu disparu des radars depuis. Elle a réalisé The Notorious Bettie Page en 2005 (inédit) et s’est surtout consacrée à la série The L Word. Elle revient en 2011 avec The Moth Diaries, adaptation du premier roman de Rachel Klein, dans la lignée de ceux qui ont fait la renommée de Stephenie Meyer.
The Moth Diaries s’adresse au public de Twilight et personne d’autre, mais ne risque pas de rivaliser avec la franchise initiée par Catherine Hardwicke : parce qu’il n’y a pas de dimension romantique ni passionnelle, parce que le casting est beaucoup moins glamour que le duo Kristen Stewart/Robert Pattinson, parce que le film dans son ensemble n’a aucune aspérité etc. En revanche, pour ceux que Twilight révulse, The Moth Diaries est un peu plus supportable. En même temps,ni l’un ni l’autre n’est recommandable, mêmes aux ados, parce qu’ils méritent mieux.
The Moth Diaries n’a rien d’un film de cinéma mais à tous les attributs des téléfilms insipides diffusés pour meubler les grilles de programmation de chaînes comme TF1, M6 et leurs filiales sur la TNT. Il n’y a pas grand chose à sauver dans le film de Mary Harron, et certainement pas les jeunes acteurs, ridicules pour la plupart, à commencer par la jeune héroïne (Sarah Bolger) et sa némésis Lily Cole, que la mise en scène de Mary Harron enlaidie (quand Terry Gilliam réussissait à la rendre assez fascinante et belle dans son Dr Parnassus). Seule la belle Sarah Gadon s’en sort à peu près. Réalisation faignante, scénario idiot, scènes grotesques, partition musicale d’une platitude absolue : mais qu’est-ce que Mary Harron, qui faisait montre d’un certain style avec American Psycho, est allée se compromettre dans cette galère ?
Il est évident que The Moth Diaries ne sera vu qu’en DVD ou à la TV et n’a aucunement sa place en salle. Il n’avait donc vraiment rien à faire en compétition d’un festival de cinéma comme celui de Gérardmer (ni Sitges et Toronto où il aussi été présenté). Malheureusement, c’est là que nous l’avons vu, et le grand écran n’aide vraiment pas à apprécier ce qui est juste un très mauvais téléfilm.
B.T