Dans une région aride du Sri-lanka, une petite communauté d’habitants voient leur croque-mort passer de vie à trépas. Somlatha, une femme d’une quarantaine d’années, reprend l’entreprise, mais doit en contrepartie subir la méfiance des personnes qui ne voient dans son métier que l’imminence du malheur. Somlatha vit seule et a deux quêtes : celle d’un mari, et celle de clients…
Assistant réalisateur et scénariste de Dancing star (Susara Dinal, 2009), comédie musicale un peu dans le style des films de bollywood et succès populaire du cinéma sri lankais en 2009, Aruna Jayawardana réalise son premier long-métrage avec August Drizzle, un film qui s’oppose en tout point avec celui de Susara Dinal. August Drizzle a été financé grâce à l’investissement d’un médecin local et a donc été tourné en dehors de tout système de production classique.
August Drizzle est un film plutôt austère, mis en scène sans génie même si avec beaucoup de soin, mais qui souffre de vouloir raconter trop d’histoires à la fois. Autour du personnage de Somlatha gravite toute une galerie de héros secondaires avec leurs propres problématiques, par exemple la liaison secrète qu’entame une jeune employée de Somlatha. Les intrigues se mélangent mais de façon plus ou moins confuse, sans trop que l’on comprenne exactement là où le réalisateur souhaite en venir. Le film se déroule également très tranquillement, manque de souffle ou d’une quelconque tension. On ressent certes le poids d’une chaleur qui étouffe et accable les personnages, mais cela ne suffit pas. On peine vraiment a adhérer à cette histoire, et l’on regrette que le cinéaste ne focalise pas davantage son attention sur le personnage de Somlatha, héroïne solitaire et en souffrance, en lutte mais avec une apparente désinvolture, et qui peine à émouvoir vraiment. La conclusion, cruelle et dramatique, est en cela très éloquente : on a décelé aucune larme dans les yeux des festivaliers du FICA de Vesoul. Quelque part, ça en dit long.
Benoît Thevenin