Niño de Loy Arcenas (2011)

Issu de Cinémalaya, le festival du cinéma indépendant philippin, Niño est le premier long-métrage de fiction du metteur en scène de théâtre Loy Arcenas. Le film est dans la lignée de Limbunan de Gutierrez Mangansakan présenté au Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul en 2011. Les deux métrages ont ceci en commun de se situer parfaitement à l’écart des stéréotypes du cinéma philippin actuel, celui urbain de Brillante Mendoza, ou celui des films de gangs dans le quartier de Tondo tournés pour trois francs six sous et qui inondent le marché local.

Trois générations d’une famille bourgeoise vivent dans une grande demeure, à la campagne, loin de la ville. Les  aïeux faisaient jadis partie de la très haute société. Le grand-père est un ancien membre du Congrès et sa soeur était une célèbre chanteuse d’opéra. Les temps sont désormais plus difficiles, ce que l’état de la maison, qui tombe lentement en ruine, révèle. Lorsque le grand-père plonge dans le coma suite à un malaise, les rivalités familiales ressurgissent. Il y a ceux qui veulent vendre la maison, et ceux qui veulent encore l’habiter. Tant que le Grand-Père sera vivant, ce sera la statu quo, et la survivance d’un façon de vivre qui n’est plus possible. Niño, une représentation locale de l’Enfant Jesus, symbolise cette façon que les membres de la familles ont de s’accrocher. Selon les croyances, Niño a le pouvoir de ressusciter les morts, de réveiller les malades profondément endormis.

Le film est principalement vu à travers les yeux du plus jeune enfant de la famille. C’est lui qui enfile le costume de Niño et espère que son grand-père va se réveiller.  Son regard naïf n’empêche en rien la famille de disloquer progressivement. Il n’y a plus de retour possible car les conflits de génération sont trop importants, indépendamment des secrets familiaux qui ressurgissent. Les enfants sont tournés vers l’étranger et ne se voient aucun avenir dans les Philippines, alors que les plus anciens veulent légitiment terminer leur vie là où ils ont toujours vécu.

Loy Arcenas a vécu toute sa vie d’adulte à New-York et connait cette problématique. Le cinéaste dit avoir voulu interroger l’identité philippine aujourd’hui. Le film, qui se déroule presque intégralement dans le huis-clos de la grande maison familiale se suit facilement et a même un certain charme, même s’il pâti d’une mise en scène trop clairement théâtrale.

Benoît Thevenin

Niño ***

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