Final Whistle (Soote payan) de Niki Karimi (2011)

Entre documentaire et fiction, Final Whistle est le troisième long-métrage de l’actrice-réalisatrice iranienne Niki Karimi. Son premier, Une Nuit, a été présenté dans la section Un Certain regard à Cannes en 2005 avant de sortir dans les salles françaises. Quelque jours plus tard, son second, a été montré hors compétition lors du Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul en 2008, année ou Niki Karimi figurait dans le jury. Elle revient cette année pour le festival haut-saônois avec Final Whistle, un film qui est parti d’une idée de documentaire avant que les moyens de la fiction ne s’impose à elle.

Comme dans ses précédents films, et de façon plus affirmée peut-être même, Niki Karimi livre une histoire forte, tournée dans l’urgence, caméra au poing, comme en clandestinité, même si le résultat est là quelque peu chaotique.

Niki Karimi joue elle-même le rôle de Sahar, une réalisatrice de documentaires pour la télévision. Avec Saman, son compagnon (Shahab Hosseini, vu dans Une Séparation d’A. Farhadi et Au Revoir de M. Rasoulof), lui même réalisateur, elle court dans les rues de Téhéran à la recherche de Malineh, une jeune femme à qui elle veut demander de retourner quelques plans importants pour son film. Lorsqu’enfin elle retrouve Malineh, elle découvre celle-ci mal en point. Elle vient d’être victime d’un chauffard mais ce n’est même pas le plus grave. Malineh songe à vendre un de ses reins pour pouvoir défendre sa mère, accusée de meurtre et qui risque l’exécution…

Dans le film, deux visions se heurtent. Sahar prend très à coeur l’histoire de Malineh et va faire son possible pour réunir les 5 millions de tomans dont la jeune fille a besoin. Saman estime lui ne rien devoir à Malineh : chacun ses problèmes, lui a les siens, et si la mère de la jeune fille est en prison c’est qu’il y’a une raison à ça.

La réalité est plus complexe et Sahar va faire tout son possible, jusqu’à rencontrer la famille de la victime, visiter la prison pour femmes etc. La démarche de Niki Karimi est courageuse, épouse celle du personnage qu’elle incarne. Finalement, le film révèle une situation où les femmes se retrouvent seules avec leurs problèmes, doivent se débrouiller mais n’ont que peu d’espace pour se défendre. Sahar prend a coeur une cause qui est presque perdue d’emblée et c’est sans doute de là que le film puise sa force et son intérêt.

Benoît Thevenin

Final Whistle ***

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