Ancien assistant de Carlos Reygadas (producteur ici), Amat Escalante est l’auteur d’un premier film un peu mal foutu mais prometteur, Sangre, lequel avait déjà été présenté à Cannes en 2005. Los Bastardos arrive maintenant et ne mettra pas tout le monde d’accord. Los Bastardos garantit pourtant une claque monumentale dans la gueule et c’est bien pour cela qu’il divisera. Amat Escalante était donc à bonne école avec Reygadas.
Les bâtards dont il est questions dans le titre sont deux pauvres immigrés clandestins mexicains. Ils errent dans Los Angeles à la recherche de petits boulots dans des chantiers. On leurs confie bientôt une mission lucrative : un meurtre.
Los Bastardos fait d’abord preuve d’une rigueur extrême dans la mise en scène. La photo de Matt Uhry est somptueuse et les plans-séquences aussi fascinant que chez Reygadas. Après, le contenu du film est ce qui destabilise le plus. Escalante nous montre une famille type américaine complètement asphyxiée. Le mari est parti, la mère fûme du crack devant la télé, le fils est un zombie lobotomisé par son écran d’ordinateur et sa console de jeu. Le portrait n’est pas très éloquent. La misérabilisme est partagé par les deux camps : les opulents américains vs. les pauvres mexicains.
Los Bastardos bascule ensuite dans une sorte de jeu malsain. On se rapproche de chez Haneke, le cynisme en moins. Juste, les deux anti-héros du film pénètrent dans la maison et nous imposent une relation malsaine avec leur futur victime. Ils prennent le temps de parvenir à leurs fins. La mère – puisque c’est elle qui doit être tuée – leur prépare à manger ; ils se partagent le crack, se baignent dans la piscine etc. Ainsi, ils prennent le risque de prendre en sympathie leur proie.
Survient alors, très brutalement, un évènement. Le spectateur est fatalement assommé, abasourdit, d’autant plus que la façon dont cet évènement est filmé est troublante de réalisme. La secousse aura sa réplique, tout autant inattendue et bluffante. Los Bastardos se termine là-dessus, laissant sur le carreau bon nombre de spectateurs choqués par le caractère intense de ce qui vient de se dérouler. La claque est violente et Los Bastardos une expérience rare de cinéma.
Benoît Thevenin
grand merci a Benoit Thevenin de la part de Matt Uhry pour son commentaire sur la photo du film! J etais le pointeur sur Los Bastardos et nous sommes tres fiers de ce film!!