Vétéran de la seconde guerre mondiale, Edwin Boyd mène une tranquille vie de modeste chef de famille. Son métier de chauffeur de bus lui permet de subvenir aux besoins des siens mais ne le satisfait pas. Edwin rêve en grand, du métier d’acteur, de gloire et de richesse. Un jour, il quitte son travail sur un coup de tête, abandonne son bus en pleine voie. Edwin va emprunter un nouveau chemin, du mauvais côté de la loi, et s’improvise braqueur de banques.
Premier film de Nathan Morlando, Citizen Gangster raconte la trajectoire d’un bandit notoire, décédé en 2002 et qui défraya la chronique au Canada aux lendemains de la Seconde guerre mondiale. Le personnage d’Edwin Boyd, incarné avec beaucoup de charisme par Scott Speedman, marque par son audace. Il est un gangster d’abord indépendant et qui déchaîne les passions. La police est à ses trousses, il représente une menace pour la communauté et en même temps, il est un grand séducteur, face auquel le public – et spécialement les jeunes filles – s’attachent.
Edwin Boyd fascine parce qu’il est celui qui ose le fantasme d’une large part de la population. S’il braque des banques, c’est d’abord pour améliorer le confort de la vie de ses proches. Il agit comme une sorte de Robin des bois, accusant l’institution de spolier les honnêtes gens, et se refusant à toute violence. Certes il a une arme, mais elle n’est pas prévue pour canarder qui que ce soit.
Mené sur un haut rythme, Citizen Gangster est un film très classique, un ersartz de Public Enemies avec le style en moins. Nathan Morlando ne soutient pas la comparaison avec Michael Mann, mais il ne la cherche pas non plus. Il livre en revanche un film de très bonne facture, assez efficace et pas inintéressant.
Edwin Boyd incarne le rêve consumériste de la fin des années 40, dans lequel on se reconnait toujours aujourd’hui. Il se met dans la tête d’offrir à sa famille tout ce dont elle peut rêver dans une société de consommation, sans imaginer que le plus important est ailleurs. Ce n’est pas que cela. Edwin est également attiré par la lumière. Lorsqu’il se maquille avant de perpétrer ses forfaits – dans un style qui rappelle inévitablement le Joker de The Dark Knight – Edwin rentre dans la peau d’un personnage. Il s’accorde ainsi le rôle que le cinéma ne lui offre pas, et se plait d’être célébré à la une des journaux. Les braquages sont autant une nécessité pour lui qui court après l’argent, qu’un jeu auquel il se livre et lui procure de l’adrénaline et du plaisir. Lorsque la Police réussit à resserrer sur lui son étau, il ne résiste pas, il se rend sans violence. C’est la règle : you win/you lose, et il la respecte. Le film constitue alors un véritable jeu du chat et de la souris. Il attaque, se fait prendre, s’évade, réattaque, déjoue les plans de la police, se refait reprendre etc. Le mouvement est permanent, le rythme bien tenu (et parfois porté par l’excellente BO Rock) et le spectateur y trouve son compte. Au final, Citizen Gangster ne paie certes pas de mine, mais est un film quand même tout à fait honorable.
Benoît Thevenin