Gerardo Naranjo nous plonge dans un Mexique tel qu’on peut l’imaginer en France à travers le prisme de l’affaire Florence Cassez. Le cinéaste nous montre un Mexique corrompu et gangréné par le crime, le trafic de drogue, les enlèvements et les meurtres. Les victimes collatérales sont innombrables. Laura, l’une d’elles, est l’héroïne du film.
Laura est une jeune femme très belle qui décide avec une amie de s’inscrire au concours de beauté de Miss Baja California, c’est à dire la péninsule de la Basse-Californie. Elle est une fille de condition modeste mais avec ses rêves de jeune fille, comme en témoigne le mur de sa chambre tapissé entre autres de posters de Madonna ou de Marilyn Monroe. La beauté, le glamour, l’intéressent, comme beaucoup de jeunes femmes. En somme, elle est une jeune fille très ordinaire. Après s’être présentée à la sélection du concours, Laura et son amie se rendent dans un club pour danser. Soudain, un commando de narco-trafiquants débarque et une fusillade éclate. Laura se retrouve prise au piège face au chef du commando mais est épargnée. Son amie va elle disparaitre. Laura se met à sa recherche, sollicite l’aide de la police, sauf qu’elle est immédiatement trahie et livrée aux trafiquants auxquels elle a été confrontée la veille. Ces dernier comptent l’utiliser même si on a du mal à comprendre comment…
Le récit est intégralement envisagé à travers le personnage de Laura. Ainsi, comme elle, le spectateur est balloté, manque d’information et ne comprend pas immédiatement tout ce qu’il se passe. Si la réalisation est ample et ambitieuse, le parcours de Laura, et donc, de fait, la narration, est proprement chaotique. Laura est en état de choc et constamment ballotée. Quand elle tente de fuir, il y a toujours quelqu’un pour la rattraper. Laura est ainsi un personnage à l’inverse des héros traditionnels au cinéma. Elle subit en permanence, et des choc tellement violents que l’on peut admettre sa passivité en certaines situations, où que ses réactions puissent être maladroites. Laura est à juste titre, terrorisée, et alors, à raison, déboussolée.
Infernale, impitoyable et tragique, Miss Bala est éprouvant pour les nerfs, déstabilisant, et constitue un constitue un tableau effrayant de l’état de déliquescence de la société mexicaine. Pas plus que le personnage de Laura nous ne sortons totalement indemne de cette histoire.
Benoît Thevenin
Miss Bala
Sortie dans les salles françaises le 2 mai 2012