Ben est un jeune comique juif de retour de New York. Il est en situation d’échec, tant professionnellement que sentimentalement, et son père ne prévoit pour lui que reprendre la petite blanchisserie familiale. A la faveur d’une rencontre lors d’une soirée, Ben se retrouve dans les coulisse du Morning Star, une émission de radio matinale en perte de vitesse. Le directeur de la station somme toute l’équipe de partir en tournée tout l’été sur les petites routes de France pour entamer la reconquête des audiences perdues. Et Ben embarque avec la troupe…
Ce n’est pas tous les jours qu’une comédie française se paie le luxe de placer un groupe comme les Vampire Weekend dans sa bande-originale, alors oui, ne boudons pas notre plaisir. Oxford Comma lance de la plus belle des manières un film qui trouve d’emblée son ton et une fraîcheur bienvenue.
Si Radiostars est un vrai film de bande, il s’agit quand même d’un film très personnel. Comme Ben (Douglas Attal), Romain Levy a passé quelque temps aux Etats-Unis ou il a entamé les premières galères dans son parcours dans le monde du cinéma. Pour son premier long-métrage derrière la caméra, il s’est aussi inspiré de la trajectoire de Manu Payet, ami de longue date qui a commencé à faire parler de lui sur les ondes de NRJ. Sa présence au casting semble alors aller de soi et, s’il est la co-star du film, il ne tire pas non plus la couverture à lui (et Clovis Cornillac, pas davantage). Non, tout le monde est au même niveau et le casting est dans l’ensemble épatant de naturel. L’alchimie entre chaque personnage fonctionne au mieux. Les moins connus de la bande, Pascal Demolon, Benjamin Lavernhe et Côme Levin sont forcément les révélations du film.
Le capital sympathie du film vient d’abord de cette complicité entre les comédiens. On a plaisir a les accompagner comme on suivrait volontiers notre bande de potes dans une traversée de la France en bus le temps d’un été. Le film se construit comme ça, au gré du parcours de ce bus qui rappelle inévitablement celui de Presque Célèbre (Cameron Crowe, 2000). Les points de comparaison existent d’ailleurs, surtout au niveau des personnages. Ben est dans une position similaire à celle de Patrick Fugit dans le film de Crowe, en retrait de la bande mais qui discrètement va trouver sa place. C’est quand même très relatif tant le personnage de Ben est effacé et dans une position qui n’apporte finalement rien du tout au récit. Arnold (Clovis Cornillac) va lui être forcé de se remettre en cause, comme Russell Hamond le leader des Stillwater dans Presque Célèbre. Et puis, il y a forcément une fille dans ce bus. Jennifer (Zita Hanrot) peut difficilement faire oublier l’emblématique Penny Lane. C’est là que se mesure la différence entre les deux films : à la classe de Kate Hudson s’oppose la timidité de Jennifer ; de la même manière que Presque célèbre offre une initiation fabuleuse à son héros quand Radiostars inspire lui plutôt une impression de candeur.
Le film de Romain Lévy s’inscrit simplement dans un autre tempo et avec une autre énergie. Radiostars est en fait plus dans la tradition des films de potes à la française, de Mes meilleurs copains aux Randonneurs. C’est en cela peut-être que le métrage peine à surprendre vraiment. Le récit reste simple, attendu et un peu lisse. Si l’on rit souvent, l’humour s’épuise quand même à mesure que le film avance. Le charme d’ensemble ne se dilue pas, mais l’efficacité des blagues, un peu.
Le scénario est finalement à l’image de la bande-originale, très excitante dès lors que Oxford Comma est enclenchée, mais qui ne sera pas toujours très entrainante. Romain Levy a recours à des styles musicaux différents mais le résultat est très inégal (La scène du MacDo est horrible). Radiostars n’a alors rien d’un film-jukebox (comme pouvait l’être Good Morning England, auquel on pense forcément) et n’en a de toute façon pas les moyens. Romain Levy mise bien davantage sur l’esprit de groupe, et c’est ce qui donne au film tout son capital sympathie, même s’il verse très peu dans la finesse. Cela dit, c’est cette bonne humeur générale et le côté imparfait, sinon maladroit, de l’ensemble qui permet à Radiostars de susciter l’adhésion. Le Grand Prix reçu au festival de l’Alpe d’Huez en début d’année semble en témoigner.
Benoît Thevenin
Radiostars
Sortie dans les salles françaises le 11 avril 2012
Bon casting et une belle idée malheureusement désservit par des dialogues peu savoureux (pour pas dire plus notamment pour les gags)… 1/4