Cannes 2012 : Présentation détaillée de la compétition officielle

La sélection dévoilée par Thierry Fremaux et Gilles Jacob est finalement très différente de celle qui avait soi-disant fuité le 2 avril dernier. Sans doute s’agissait-il d’un poisson d’avril jetlagé… En tout cas, cette année plus que jamais auparavant, les premiers mois de l’année ont été propices à toutes les spéculations possibles concernant la liste des films que les festivaliers cannois auront l’occasion de découvrir en mai, dans la foulée d’une élection présidentielle dont il faudra soit se remettre de la joie qu’elle aura soulevé, soit se consoler. La sélection 2012 comporte donc son lot de film que la rumeur avait déjà annoncé depuis longtemps sans trop de risque d’être démentis (les films d’Audiard, Salles, Cronenberg, Haneke notamment). Pour le reste, leur présence n’était pas forcément évidente même s’il n’y a là aucune surprise non plus. La plus grande peut-être, c’est le choix de placer Laurence Anyways, le nouveau film de Xavier Dolan, dans la section Un Certain, regard (UCR) plutôt qu’en Compétition pour la Palme. 21 autres long-métrages lui ont été préférés et voici pour chacun leur présentation…

Les Palmés :

Like someone in love d'Abbas Kiarostami

Des quatre candidats pour une deuxième Palme d’or, trois l’ont reçu une première fois ces toutes dernières années. Depuis 2007, Ken Loach, Cristian Mungiu, Laurent Cantet, Michael Haneke, Apichapong Weerasethakul et Terrence Malick ont obtenu le graal cannois. Ils seront presque tous de retour en mai prochain, exception faite de Laurent Cantet dont le prochain film, Foxfire, est attendu dans les salles françaises le 26 septembre, et Terrence Malick, dont la présence était espérée avec Lawless. Apichatpong Weerasethakul sera lui présent mais hors compétition, son film Mekong Hotel étant programmé en Séance spéciale.

Abbas Kiarosatami, primé en 1997 pour le Goût de la Cerise (ex-aequo avec L’Anguille d’Imamura) se retrouve être en 2012 l’ainé de ce club des Palmés. Le cinéaste iranien est revenu plusieurs fois depuis en compétition officielle, avec Ten d’abord, en 2002, et plus récemment avec Copie Conforme, pour lequel Juliette Binoche à reçu le prix d’interprétation féminine en 2010, et qu’il avait tourné en Italie. Kiarostami poursuit son parcours de globe trotter au Japon avec  son nouveau film Like someone in love, sur la relation entre une jeune fille qui se prostitue pour financer ses études, et l’un de ses client, un vieil homme. La bande-annonce laisse entrevoir une belle histoire romantique et platonique entre les deux. Le film partira probablement avec un a priori favorable de la part du président du jury Nanni Moretti. Celui-ci a déjà témoigné de son admiration pour Kiarostami en réalisant le court-métrage L’Avant-première de Close-up en 1996.

La Part des anges de Ken Loach

Ken Loach (Palme 2006 pour Le Vent se lève) est presque toujours revenu sur la Croisette, en 2009 avec Looking for Eric, en 2010 avec Route Irish, alors ajouté à la compétition à la dernière minute. Ce n’est pas un hasard si la sélection de La Part des anges offre l’illusion d’une présence permanente du cinéaste britannique à Cannes. La prochaine année où il n’aura pas de film, on peut s’attendre à ce qu’il soit à la place du président du jury… La Part des anges s’annonce à priori comme dans la lignée de Looking for Eric, une comédie sociale dans laquelle un jeune délinquant tout juste sorti de prison se découvre un don de dégustateur de Whisky. Comme d’habitude chez Loach, le casting est composé d’acteur inconnus qui seront probablement parmi les révélations du festival.

Cristian Mungiu avait crée la surprise en 2007 en remportant la Palme avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours. Le prix était cependant mérité. Le cinéaste roumain a pris le temps de revenir à la réalisation mais n’a pas chômé durant ces cinq dernières années. Devenu le chef de fil d’une nouvelle génération du prometteur cinéma roumain, il a initié – et réalisé l’un des segments  – les Contes de l’âge d’or (UCR 2009). Beyond the hills est sont quatrième long-métrage dont on espère qu’il nous confirmera son talent. Le film raconte l’histoire d’une jeune orpheline élevée dans un couvent et qui va être accusée d’être possédée par le Diable par le prêtre à la tête de l’institution.

Le retour de Michael Haneke en compétition, trois ans après La Palme reçue pour Le Ruban blanc, était très prévisible et va forcément attiser la curiosité des cinéphiles. Amour marque le retour à l’écran et au plus haut de l’affiche de Jean-Louis Trintignant (presque plus vu au cinéma depuis Ceux qui m’aiment prendront le train (en compétition en 97)) et d’Emmanuelle Riva, l’inoubliable héroïne avec Eiji Okada de Hiroshima mon amour de Resnais (HC à Cannes en 1959). On sait Haneke doué pour placer le spectateur dans une position inconfortable et Amour est un film qui risque de questionner encore et provoquer peut-être un débat qui aura été en grande partie occulté par la campagne présidentielle qui s’achève maintenant. Amour traite des questions de la dépendance, de la prise en charge des personnes âgées et de la fin de vie à travers l’histoire d’un couple d’octogénaires dont l’épouse, suite à un AVC, se retrouve semi-paralysée. Isabelle Huppert (déjà dans La Pianiste (2000) et Le Temps du loup (2002) poursuit sa collaboration avec le cinéaste et incarnera le personnage de la fille du couple Trintignant-Riva.

Les Français :

Holly Motors de Leos Carax

La liste des prétendants français à une nomination pour la Palme aura été cette particulièrement longue, et la concurrence de fait très rude. Thierry Fremaux et Gilles Jacob ont finalement décidé de faire confiance à trois valeurs sûres déjà très liées au Festival de Cannes et représentant chacun trois générations différentes.

A 89 ans, Alain Resnais est l’un – sinon LE – des cinéastes français les plus frais et réjouissant de ces dernières années. Ses Herbes folles, Prix spécial en 2009, ont laissé beaucoup de festivaliers perplexes mais pourtant, que ce film est grand ! Le titre de son nouveau long-métrage donne la mesure de la malice du cinéaste. Vous n’avez encore rien vu est l’adaptation libre de l’Eurydice de Jean Anouilh, pièce de 1942 qui prenait déjà ses libertés avec le mythe grec en le modernisant. On peut s’attendre à un film enjoué et réjouissant de la part de Resnais, sans doute plus intéressé à l’idée de s’amuser de la mort, plutôt que préoccupé par elle. Le cinéaste convoque en tout cas une troupe prestigieuse qui ne comprend pas, cette fois, Alain Dussolier. Sabine Azema est toujours là en revanche, et sera entourée d’Anne Consigny, Mathieu Amalric, Denis Podalydès, Lambert Wilson et Michel Piccoli, entre autres… On imagine déjà un grand moment festif et même un véritable feu d’artifice. Vous verrez…

De rouille et d'os de Jacques Audiard

Leos Carax, le plus maudit des cinéaste de la génération des Nouvelles Images dans les années 80 (avec Besson et Beineix), n’a pas fini de nous bluffer et poursuit sa très contrastée relation avec le festival de Cannes à la faveur de la sélection d’Holy Motors. Le casting hétéroclite est particulièrement improblable. Qui aurait pu imaginer Eva Mendes, Kylie Minogue, Edith Scob et, évidemment, Denis Lavant, à l’affiche d’un même film ? Le sujet même parait autant ambitieux que fou, en tout cas intriguant. Denis Lavant incarnera le personnage d’un tueur dont l’esprit va vagabonder à  travers des corps très différents, des deux sexes et de tous les âges. Holy Motors marque le retour en compétition de Carax, 13 ans après l’accueil désastreux fait à Pola X, film certes un peu bancal mais fascinant a plus d’un titre. Carax avait sinon été révélé à Cannes avec Boy Meets Girl (1984) et avait effectué un retour fracassant en 2008 avec Merde, son segment en ouverture du film à sketchs Tokyo ! (présenté à Un Certain Regard).

Grand prix du jury à Cannes 2009 avec Un Prophète, Jacques Audiard concourra lui avec De Rouille et d’os. Le film est adapté de plusieurs nouvelles de Craig Davidson (Un goût de rouille et d’os, en poche chez Points). A priori, Audiard s’aventure dans le registre du mélo, sauf qu’on imagine assez bien son style coller avec l’univers noir et cruel de l’écrivain canadien. De rouille et d’os, histoire d’amour entre une dresseuse d’orques paralysée à la suite d’un accident (Marion Cotillard) et un jeune père un peu paumé et minable (Matthias Schoenaerts)  ne laissera probablement pas indifférent. Le film marque en tout cas le retour dans le cinéma français de Marion Cotillard, partie sous d’autres horizon depuis La Môme et seulement revue de ce côté de l’Atlantique dans le film de son compagnon Guillaume Canet (Les Petits mouchoirs, 2010). Elle sera très bien entourée, notamment par deux révélations récentes, Matthias Schoenaerts (Bullhead) et Corinne Masiero (Louise Wimmer), ainsi que par le toujours excellent Bouli Lanners.

Les Nouveaux venus (Première fois à Cannes en Compétition) :

Moonrise Kingdom de Wes Anderson

Chouchou de bien des cinéphiles et francophile convaincu, Wes Anderson débarque pour la première fois sur la Croisette avec Moonrise Kingdom. Le cinéaste aura la délicate responsabilité d’ouvrir les festivités mais, une fois n’est pas coutume, le film figure bien en compétition. Le cinéaste américain renoue avec la réalisation, deux ans après sa géniale incursion dans le monde de l’animation avec Fantastic Mr Fox. La bande-annonce suffit déjà pour voir que Wes Anderson reste fidèle à son style désuet, son univers graphique et obsessionnellement symétrique, ainsi qu’à ses thématiques, la famille et l’enfance. Bill Murray est toujours là, Jason Schwartzmann aussi, et le reste du casting a fière allure : Bruce Wills, Harvey Keitel, Edward Norton, Frances McDormand, Tilda Swinton etc.

La première sélection de Lee Daniels peut surprendre mais n’est pas tant étrange que ça. Precious est un film largement détesté, mais Thierry Fremaux l’a ardemment défendu lors de sa présentation à Un Certain regard en 2009… Un autre argument un peu plus solide : The Paperboy, son nouveau film, est un projet initialement porté par un grand habitué du festival de Cannes, Pedro Almodovar. Le cinéaste ibérique, après Tout sur ma mère en 1996, est parti à Hollywood avec l’idée de réaliser un film américain. Son caractère ne s’est pas arrangé des contraintes du système et Almodovar a renoncé. Le scénario a fini par atterrir entre les mains de Lee Daniels dont Precious avait constitué une véritable révélation (Primé à Sundance et jusqu’aux Oscars). The Paperboy raconte l’histoire d’une femme (Nicole Kidman) fasciné par les taulards et qu’elle adore séduire. Persuadée de l’innocence de l’un deux (John Cusack), elle sollicite l’aide d’un journaliste (Matthew McConaughey) et son frère (Zac Efron)… Le casting a donc très belle allure et c’est sans doute aussi cette raison là, et la certitude d’une très belle montée des marches, qui a favorisé la présence en compétition du film. Ainsi Cannes 2012 ne s’adresse pas qu’aux cinéphiles gérontophiles excités par les présences conjuguées de Resnais, Riva, Trintignant et Piccoli. Les ados seront également comblés par les présences de Zac Efron mais aussi, comme on le verra un peu plus tard, de Robert Pattinson et Kristen Stewart…

Mud de John Hillcoat

Grande révélation de Cannes 2011 avec Take Shelter (présenté à La Semaine de la critique et sorti seulement en janvier en France), Jeff Nichols est déjà de retour avec Mud son troisième long-métrage. Trois longs et autant de collaborations avec son acteur fétiche Michael Shannon. Western tourné dans les plaines de l’Arkansas, Mud confronte un chasseur de prime avec un fugitif (Matthew McConaughey) obsédé à l’idée de retrouver la femme qu’il aime (Reese Witherspoon). Sam Shepard, acteur wendersien et dernière icône du genre, fait partie de l’aventure. Quant à Matthew McConaughey, il est donc au casting de deux films en compétition.

Actrice chez Jeff Nichols l’année dernière (ainsi que dans Tree of life de Terrence Malick, palme 2011), Jessica Chastaing renoue avec Cannes grâce au nouveau film John Hillcoat. Le cinéaste australien signe là son quatrième film, trois ans après son adaptation réussie de La Route de Cormack McCarthy. Hillcoat est aussi le réalisateur de Ghosts… of the Civil Dead (1990) et surtout de The Proposition (2005), western à la violence implacable et proprement sidérante. Ces deux films, tout comme Lawless qu’il présente cette année, ont été écrit par Nick Cave, aussi bon écrivain qu’il est musicien. Lawless est un des quelques films de cette compétition sur lesquels on fonde des espoirs bien particulier. L’histoire se déroule pendant la prohibition et mettra aux prises un gang de trois frères avec la police locale. Le casting réunit de belles gueules avec, autour de Jessica Chastaing, Tom Hardy, Gary Oldman, Noah Taylor, Mia Wasikowska et, bien entendu, Guy Pearce, l’acteur fétiche du cinéaste.

Killing them softly de Andrew Dominik

Nick Cave avait signé, en collaboration avec Warren Ellis, la sublime bande-originale de L’Assassinat de Jesse James, western crépusculaire et authentique chef d’oeuvre signé par Andrew Dominik. Cinq longues années après ce tour de force, le cinéaste australien – lui aussi – accède pour la première fois à la compétition cannoise. Killing them softly, adaptation du roman de George V. Higgins Cogan’s Trade, s’annonce comme un polar urbain et brutal. Le cinéaste retrouve pour l’occasion son Jesse James, aka Brad Pitt, lequel remontera les marches du palais des festivals, un an après Tree of life.

Réalisé sur les cendres de la révolution égyptienne qui a abouti à la chute il y  a un an du régime de Hosni Moubarak, Après la bataille placera sans doute ses personnages dans l’instantané d’une Histoire en train de s’écrire. Yousry Nasrallah accède pour la première fois à la compétition officielle mais est déjà venu à Cannes par le passé, pour présenter Vols d’été (Quinzaine 1987) mais aussi le documentaire collectif 18 jours, a propos des évènements de la Place Tahrir, en Séance Spéciale, l’année dernière.

Les Habitués :

Cosmopolis de David Cronenberg

Moins d’un an après A Dangerous method, David Cronenberg revient à une forme de cinéma vraisemblablement plus directement liée aux films qu’il nous avait jusqu’alors livré. Cosmopolis est un projet particulièrement excitant, adaptation, du roman éponyme de Don DeLillo, en lui même déjà assez déroutant. L’histoire originale propose une plongée dans l’univers mental d’un jeune trader en route dans sa limousine vers… le salon de son coiffeur. Cronenberg a forcément déplacé le contexte de la crise financière asiatique du début des années 2000 (dans le livre) à celle d’aujourd’hui. Ce n’est pas le seul sujet et Cosmopolis a tous les atouts pour être l’un des films les plus fascinant du festival. Cronenberg revient en compétition, après Crash (1996), Spider (2002) et A History of Violence (2005). Il a également été Président du jury en 1999 (Palme pour Rosetta). Cosmopolis offre également l’occasion pour Robert Pattinson, héros de la saga Twilight, de tester sa popularité sur la Croisette.

Les fans de Twilight seront d’autant plus en transe que Kristen Stewart foulera également les rues cannoises à la faveur de la sélection en compétition de Sur la route. L’adaptation du roman culte de Jack Kerouac, emblématique de la beat generation, a longtemps été dans les tiroirs, ceux de Francis Ford Coppola en l’occurrence, lequel imaginait confier la réalisation à Jean-Luc Godard. C’est finalement le cinéaste brésilien Walter Salles qui filme l’escapade de Sal Paradise, Dean Moriarty et Carlo Marx sur les longues routes à travers tous les Etats-Unis. Walter Salles est un habitué des grandes escapades, comme en témoigne ses Central do Brasil (1998) et Carnets de voyage (en compétition à Cannes 2004). Walter Salles a également présenté en 2008 Une famille brésilienne. Pour Sur la route, il a convoqué un alléchant casting de jeunes comédiens, dont Sam Riley (Control) et Kirsten Dunst qui remet pour l’occasion en jeu son prix d’interprétation reçu l’année dernière avec Melancholia.

Sur la route de Walter Salles

Autre cinéaste sud-américain en lice, le mexicain Carlos Reygadas fait son retour en compétition avec Post Tenebra Lux, 5 ans après l’éprouvant mais sublime Lumière silencieuse. Reygadas s’était révélé à Cannes avec une caméra d’or pour Japón en 2002, et avait accédé à la compétition en 2007 avec le dérangeant Bataille dans le ciel. Le titre de son nouveau film est une citation extraite du Livre de Job, référence qui a porté chance à Malick l’année dernière. Reygadas présente son film comme faisant largement appel à ses souvenir personnels. Lors de la conférence de presse de présentation de la sélection, Thierry Fremaux l’a lui décrit comme une oeuvre singulière et quasi expérimentale.

L’autrichien Ulrich Seidl s’est jusqu’alors signalé avec deux films d’une noirceur extrême, Dog Days (2001) et Import/export (en compétition en 2007). Paradis : Amour est son troisième film seulement. Il sera beaucoup question de sexualité, et certainement pas au sens érotique du terme. Le film proposera de suivre les trajectoires de trois femmes, en quête d’épanouissement sexuel et d’amour, et qui vont chacune emprunter des sentiers bien différents.

Egalement catalogué comme cinéaste radical, le cinéaste ukrainien Sergei Loznitza avait déconcerté une large part de l’audience cannoise lors de la sélection de son premier long-métrage de fiction (il a été d’abord documentariste) My Joy en 2010. Loznitsa n’a donc pas laissé que des bons souvenirs parmi les festivaliers, même si pour notre part, on l’a plutôt défendu dans ces pages. Son nouveau film s’intitule Dans la brûme et se déroule dans la Bielorussie occupée par l’armée Nazie en 1942. Cette guerre a déjà beaucoup inspiré Loznitsa dans ses documentaires.

Reality de Matteo Garrone

Grand prix du jury en 2008, Matteo Garrone s’était alors intéressé à une autre forme de guerre, celle que livre la mafia napolitaine, avec Gomorra. Il change cette fois de registre puisque Reality évoque l’univers de la télé-réalité et des artifices de la célébrité. Le film est porté par des acteurs inconnus de ce côté des alpes, dont Claudia Gerini, vue dans La Passion du Christ de Mel Gibson en 2004. On notera qu’aucun cinéaste italien ne s’est vu attribué la Palme d’Or depuis La Chambre du fils de…. Nanni Moretti, en 2001. Le président du jury choisira de désigner lui même son successeur ?

Prix du jury en 1998 avec son film dogma98 Festen, Thomas Vinterberg s’est depuis rallié à une forme de cinéma beaucoup plus classique. Son précédent film est Submarino, présenté à Berlin en 2010, et très sombre histoire entre deux frères sous fond de drogue et d’enfance maltraitée. Pour son retour à Cannes, il dirige la star danoise Mads Mikkelsen dans une histoire qui sur le papier rappelle un petit peu le Furie de Fritz Lang. Dans The Hunt, Mikkelsen incarne un homme en train de se reconstruire une vie dans un petite ville de province jusqu’à ce que sa réputation soit anéantie par une rumeur mensongère.

The Taste of money d'Im Sang-soo

Les moins vigilants ne manqueront pas de céder à la confusion de l’homonymie des deux cinéastes coréens sélectionnés cette année. Hong Sang-soo et Im Sang-soo n’ont aucun lien de parenté, et c’est bien logique, puisque leur nom de famille n’est pas Sang-soo mais Hong et Im…

Hong Sang-soo est un abonné du festival de Cannes, présent tous les ans dans une section ou un autre, pu bien président d’un jury quelconque. Comme beaucoup de festivaliers, il y tient à son accréditation cannoise ! Son dernier film, Matins calmes à Séoul (aka The Day he arrives) figurait dans la section UCR en 2011 et sortira dans les salles françaises le 16 mai, jour de l’ouverture du festival de Cannes 2012 ! Si ça ce n’est pas un coup de malice du distributeur ! Il est bien sûr évident que le film qui sera montré cette année pour la Palme est un film différent, intitulé en l’occurrence In another country. Souvent raillé pour faire des films très ressemblants les uns les autres, Hong Sang soo suprendra forcément cette fois. Ne serait-ce que parce que son actrice principale n’est autre qu’Isabelle Huppert (qui se retrouve donc à l’affiche de deux films en compétition, avec Amour). Pour le reste ce n’est pas sûr.

Im Sang-soo revient lui à la compétition cannoise deux ans après son remake prétentieux et creux de La Servante de Kim Ki-young (lequel ressort en salle le 11 juillet grâce à Carlotta). Taste of money semble le pendant direct de The Housemaid, un thriller érotique qui met en jeu des relations de pouvoir au sein d’une riche maison. On évacue le souvenir de The Housemaid et on espère qu’Im Sang-soo renouera avec le brio de The President’s Last Bang (Quinzaine des réalisateur 2005)

Les absents

Il n’y a qu’une absence à déplorer : celle de la moindre femme réalisatrice. Elles seront quelques unes dans la section Un Certain regard, dont Sylvie Verheyde avec son très attendu Confessions d’un enfant du siècle, mais aucune ne pourra prétendre à la Palme cette année. A en juger par le déluge de rumeurs qui s’est déversé notamment sur les réseaux sociaux depuis janvier, peu de femmes réalisatrices étaient attendues. Peut-être une simple coïncidence conjoncturelle ? On peu quand même regretter qu’aucune femme n’aie trouvé grâce aux yeux des sélectionneurs…

Pour les autres absents, puisqu’ils ne seront pas là (sauf avis contraire concernant les invités de dernières minutes), ils auront tord et il est dès lors  inutile d’ergoter dessus. Les prochains films de James Gray, Terrence Malick, Wong Kar-waï, Paul Thomas Anderson ou Alexei Guerman, soyons patients, nous les verrons bien un jour…

Le Film de Clôture

Cannes réservera un bel hommage à Claude Miller, disparu le 4 avril dernier à l’âge de 70 ans, en projetant en clôture son film posthume, Thérèse Desqueyroux, adaptation du roman de François Mauriac. Le livre avait déjà été adapté au cinéma par Georges Franju en 1962 et avec Emmanuelle Riva dans le rôle éponyme. Cette dernière, à l’affiche d’Amour de Michael Haneke, aura l’occasion d’un passage de flambeau réel avec Audrey Tautou qui reprend ici le rôle.

Claude Miller a lié son parcours à l’histoire du festival de Cannes, recevant le Prix du jury en 1998 pour La Classe de Neige. La petite Lili avait également été sélectionné en 2003.

Benoît Thevenin

Line up complet de la sélection officielle – Cannes 2012 :

Film d’ouverture :

Moonrise Kingdom de Wes Anderson

Film de clôture :

Thérèse Desqueyroux de Claude Miller

Films en compétition officielle :

De rouille et d’os de Jacques Audiard

Holy Motors de Leos Carax

Cosmopolis de David Cronenberg

The Paperboy de Lee Daniels

Killing Them Softly d’Andrew Dominik

Reality de Matteo Garrone

Amour de Michael Haneke

Lawless de John Hillcoat

In Another Country de Hong Sang-soo

Taste of money de Im Sangsoo

Like someone in love d’Abbas Kiarostami

La part des anges de Ken Loach

Dans la brume de Sergei Loznitsa

Beyond The Hills de Cristian Mungiu

Après la bataille de Yousry Nasrallah

Mud de Jeff Nichols

Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais

Post tenebra lux de Carlos Reygadas

Sur la Route de Walter Salles

Paradis : Amour de Ulrich Seidl

The Hunt de Thomas Vinterberg

Films hors compétition :

Hemingway & Gellhorn de Philip Kaufmann

Moi et Toi de Bernardo Bertolucci

Madagascar 3: Bons baisers d’Europe d’Eric Darnell et Tom McGrath

Séances spéciales :

Une journée particulière de Gilles Jacob et Samuel Faure

Polluer le paradis de Fatih Akin

Roman Polanski : A Film Memoir de Laurent Bouzereau

The Central Park Five de Ken Burns, Sarah Burns et David McMahon

Journal de France de Claudine Nougaret et Raymond Depardon

A Musica Segundo Tom Jobim de Nelson Pereira Dos Santos

Villegas de Gonzalo Tobal

Mekong Hotel d’Apichatpong Weerasethakul

Les invisibles de Sébastien Lifshitz

Séance de minuit :

Dracula 3D de Dario Argento

Ai To Makoto de Takashi Miike

Sélection Un Certain Regard :

Miss Lovely d’Ashim Ahluwalia

La playa de Juan Andrés Arango

Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch

Trois mondes de Catherine Corsini

Antiviral de Brandon Cronenberg

7 Dias en la habana de Benicio Del Toro, Pablo Trapero, Julio Medem, Elia Suleiman, Juan Carlos Tabio, Gaspar Noé, et Laurent Cantet

Le grand soir de Benoit Delépine et Gustave Kervern

Laurence anyways de Xavier Dolan

Después de Lucia de Michel Franco

Aimer à perdre la raison de Joachim Lafosse

Mystery de Lou Ye

Student de Darejan Omirbaev

La Pirogue de Moussa Toure

Elefante blanco de Pablo Trapero

Confession d’un enfant du siècle de Sylvie Verheyde

11.25 The day he chose his own fate de Koji Wakamatsu

Les bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin

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