Ancien critique aux Cahiers du cinéma, Nicolas Saada est l’auteur d’un ambitieux et fantastique court-métrage réalisé en 2004, Les Parallèles. Le film réunissait quelques belles figures du cinéma français : Mathieu Amalric, Jonathan Zaccaï et Géraldine Pailhas, que l’on retrouve ici dans Espion(s).
Espion(s) fait suite à une série de films français sortis récemment et qui ont en point commun l’espionnage. Du très didactique Secret Défense au fantasque Le Plaisir de chanter, le spectre est large et toujours à mille lieux des escursions hollywoodiennes sur ce terrain là. Espion(s) n’a rien à voir avec les deux films précités, pas plus qu’il n’a quelque chose à voir avec James Bond, Mission : Impossible et tous les autres. S’il fallait à tous prix relier Espion(s) à un type de cinéma d’Espionnage, il faudrait chercher du côté d’Hitchcock, et plutôt la période Le Rideau déchiré/L’étau (1966 et 69).
Le film commence dans les coulisses de l’aéroport de Roissy. Deux bagagistes (dont Guillaume Canet) fouillent les valises et se servent allègrement. Ils seront prix la main dans le sac suite à un effroyable et spectaculaire accident. Le personnage de Guillaume Canet a posé sa main sur une affaire ténébreuse et la DST ne va pas hésiter à se servir de lui pour exploiter la brèche.
Espion(s) est un film élégant dans sa forme, porté par deux très bons acteurs dont la toujours délicieuse Géraldine Pailhas en fausse héroïne hitchcockienne. Le film ne manque pas d’audace en terme de mise en scène, bénéficie d’une construction narrative relativement intéressante et arrivent même à nous faire bondir de nos fauteuils lorsque des explosions savamment préparées par la réalisation nous surprennent.
Mais si Espion(s) est un film efficace et plutôt brillant, il souffre d’un scénario abracadabrantesque dont il est difficile d’accepter toutes les évolutions. On est déjà circonspects par la façon dont un simple civil est amené à travailler pour les services secrets français et encore plus lorsqu’il est littéralement abandonné dans la nature même si sous la surveillance d’un service étranger, le MI5 en l’occurence, le film se déroulant essentiellement à Londres.
Espion(s) n’est jamais crédible. Guillaume Canet est trop intrépide pour un novice. La phase de séduction entre lui et Géraldine Pailhas est bien trop facilement conclue. Et enfin, la scène d’action finale, assez grotesque dans sa conclusion. Voila qui est infiniment regrettable car le film prend par ailleurs parfaitement bien. Le plus intéressant finalement, c’est cette relation qui se tisse entre Guillaume Canet et Géraldine Pailhas, cet espèce de mépris pour la romance qui peut autant intriguer qu’énerver.
La mission d’espionnage s’achève dans une drôle d’indifférence et avec un goût amer. Cette amertume est double : elle est pour les personnages, qui ne peuvent se satisfaire du déroulement de l’enquête et de la manière dont elle se conclue ; mais aussi pour le spectateur, car l’histoire hésite trop dans son cheminement, nous capte mais nous abandonne à un sentiment d’échec qui est celui de ce récit avant tout. Le plus étrange est sans doute que l’intention de Nicolas Saada était sans doute là, raconter une vaine histoire, mais l’impression finale que laisse le film est plutôt un sentiment de déception, la déception d’être passé à côté de quelque chose de formidable.
Benoît Thevenin
Espion(s)– Note pour ce film :
Coucou,
J’ai pas encore eu la chance de voir ce film mais il me tente bien. La bande annonce est alléchante et le casting m’interpelle. Je te tiens au courant dès que je l’aurais vu 😉
Sinon, j’ai aps encore eu la chance de voir la suite du che mais c’est prévu au programme comme bon nombre de film encore que je dois voir lol
Vlad