Lawless n’est que le quatrième film du cinéaste australien John Hillcoat. C’est à lui que l’on doit l’adaptation au cinéma – fidèle et réussie – de La Route de Cormac McCarthy (2009). Il est aussi le réalisateur de La Proposition (2005), un film âpre et violent qui nous a incité à cocher son nom dans la case des cinéastes à suivre de très près.
Le cinéaste a lié son parcours à celui du musicien et écrivain Nick Cave. C’est lui qui a écrit les scénarii de chacun des films d’Hillcoat (exception faite de La Route) jusqu’alors. Celui de Lawless est une adaptation du livre Pour quelques gouttes de d’alcool de Matt Bondurant.
En 1931 en pleine prohibition, dans l’Etat de Virginie, les Bondurant étaient une fratrie notoirement connue pour produire et trafiquer de l’alcool de contrebande. Entre rêve de grandeur, guerre des clans, et la lutte contre une police corrompue, la loi du plus fort prime sur les lois institutionnelles.
Le film bénéficie heureusement de la solidité de son casting. Guy Pearce, l’acteur fétiche d’Hillcoat, est formidable en némésis du clan Bondurant. Il est le policier sadique et impitoyable qui va les poursuivre sans relâche, et livrer en particulier un mano-a-mano intense et dur avec Forrest (Tom Hardy) le chef protecteur de la famille. C’est dans la confrontation entre ces deux personnages que le film trouve l’essentiel de son intérêt et ses moments les plus mémorables. Quelques scènes violentes émaillent un récit par ailleurs ultra-convenu et qui constituerait presque à lui seul un épisode mineur de la très ambitieuse série de HBO Boardwalk Empire. Les intentions d’Hillcoat sont ici beaucoup plus modestes et le film le paie vraiment pas de mine.
L’histoire se déroule très classiquement et sobrement, et peine malheureusement à surprendre. L’apparition en tenue d’Eve que Jessica Chastain offre généreusement ne suffit pas à porter un film certes plaisant mais qu’on risque de vite oublier. Reste donc quand même les acteurs, avec notamment, autour de Tom Hardy et Guy Pearce, un Shia Labeouf qui prend ici enfin un peu de consistance. La bande-originale nous réserve également quelques beaux morceaux, principalement ceux chantés par une très belle voix féminine ; car sinon, cette B.O par Nick Cave et Warren Ellis ne manque pas de rappeler les partitions qu’ils avaient déjà composées pour L’Assassinat de Jesse James d’Andrew Dominik… L’impression de déjà vu se double ainsi d’une impression de déjà entendu. C’est bien dommage.
Benoît Thevenin
Des hommes sans loi
Sortie française le 12 septembre 2012