Une famille respectable (Yek khanévadéh-e Mohtaram) de Massoud Bakhshi (2012)

Un universitaire iranien ayant quitté son pays pour enseigner en occident (en France, on le devine) revient donner quelques conférences sur la violence. Au moment de quitter à nouveau l’Iran il s’aperçoit que les choses ne vont pas être si simples. L’administration semble tout faire pour l’empêcher de repartir (blocage de son passeport, divers papiers manquants etc…). Forcé de rester quelques jours de plus, il va se rapprocher de sa famille et des affaires de son père. Une Famille Respectable est le premier film de fiction de Massoud Bakshi, réalisateur de documentaires jusque-là.

Le film est assez difficile à saisir puisqu’il est constamment entre deux eaux. Une famille respectable parle de l’Iran, à la fois sa situation politique et sociale, mais aussi son Histoire récente avec des flash-backs renvoyant à la guerre avec l’Irak. Le film lorgne également volontiers du côté du polar. Chacun de ses aspects est traité avec une même énergie, sans en privilégier une plus que l’autre, ou plutôt en entremêlant l’une avec l’autre. Le cinéaste rend compte de la politique liberticide en Iran, comme elle nourrit une ambiance délétère où personne ne peut plus faire confiance à personne, où la pourriture du système gangrène la société des hommes et les pousse à agir loin de toute moralité. Il y a là en effet ce sentiment de méfiance général envers tout et tout le monde. Le personnage est pris au piège de son propre pays, duquel il n’a plus le droit de sortir et qui semble ne pas lui vouloir que du bien.

Lors de la présentation du film, le réalisateur a souhaité dédier Une famille respectable aux femmes de son pays. De fait, les femmes sont les personnages forts du film. Elles sont les seuls qui savent encore ce qu’est la morale et la dignité malgré, paradoxalement, le mépris avec lequel elles sont traités par les hommes. Et c’est à travers elles que le film caresse un espoir, qu’il laisse entrevoir une possible sortie et ne se complaît pas dans sa spirale morbide et étouffante.

Malheureusement le film souffre d’une forme très plate et d’un rythme morne et déséquilibré. Une famille respectable peine à convaincre vraiment. Les intentions ne sont pas toujours limpides et on a tendance à trouver le temps un peu long. Malgré tout, il est toujours heureux de voir ce cinéma iranien se renouveler à travers de nouveaux cinéastes, des types de films différents et qui parviennent en plus à s’exporter et être montrés dans les grands festivals internationaux (Une famille respectable a été présenté initialement à la Quinzaine des réalisateurs 2012).

Grégory Audermatte

Une famille respectable ***1/2

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