Le même Bruno Podalydès qui nous avait tant enchanté avec ses adaptations de Gaston Leroux (surtout Le Mystère de la Chambre Jaune, en 2002), nous avait ensuite un peu déçu avec Banc Public (2009), film kaléidoscopique très inégal. Le cinéaste revient à plus de simplicité avec Adieu Berthe. Le film tourne cette fois principalement autour d’un petit noyau d’acteurs : son frère Denis bien sûr, Michel Vuillermoz et Isabelle Candelier – à qui il reste fidèle – et une petite nouvelle dans la bande, la toujours fantasque Valérie Lemercier.
A partir d’un sujet quand même grave (un deuil familial), Bruno Podalydès réalise une comédie décalée, subtile et moins innocente qu’elle ne laisse supposer.
Adam (Denis Podalydès) avait quelque peu oublié sa grand mère, mais maintenant qu’elle est morte, le grand enfant qu’il est, va devoir organiser ses funérailles. L’enterrement de mémé n’est pourtant pas ce qui le bouleverse le plus. Petit homme simple, peu ambitieux et peu courageux, Adam se paie au même moment le luxe d’une aventure sentimentale avec Alix (Valérie Lemercier), laquelle elle est la maman d’une petite fille. Adam l’aime, mais il aime aussi sa femme Hélène (Isabelle Candelier) de laquelle il est en train de divorcer…
Ses valses hésitations font tout le sel du métrage, une comédie décalée et parfois grinçante où Adam n’a vraiment pas le beau rôle. A travers ce personnage, Bruno Podalydès s’amuse avec une certaine malice à dédramatiser le processus de deuil. Adam traverse une période difficile où il s’agit pour lui de ne pas perdre définitivement le lien qui s’est tellement distendu avec ceux qui comptent pour lui. Au début, il croit vivre une seconde jeunesse auprès d’Alix, mais il se rend progressivement compte de l’impasse où cela le mène.
L’illusion des sentiments d’Adam accompagne tout un dispositif mis en place par Bruno Podalydès et dans lequel l’illusion est justement le thème central. Ce n’est pas un hasard si Adam s’essaie à ses heures perdues à des tours de magie, même s’il n’est pas très doué pour cela. Dans la scène d’ouverture, Adam prépare justement un tour de magie avec Alix, dans le but d’une démonstration à la fête anniversaire de la fille de cette dernière. Ce premier gag fonctionne très bien, et par lui tout le principe du film est posé. La plupart des gags fonctionnent sur ces petits jeux où ressemblances et faux semblants rentrent en ligne de compte, qu’il s’agisse du baiser en ombre chinoise dans le cadre d’un cercueil en exposition, la tentative de présentation du programme funéraire via un écran tactile invisible, le thermostat qui se confond avec des urnes funéraires, ou bien la petite incompréhension autour du nom d’Haroun Taziouf. De là naissent les décalages qui font tout le caractère fantaisiste du film. En revanche, on regrette de de pas trouver le même esprit malicieux dans la mise en scène, laquelle est très figée et sans inspiration. La qualité du film se trouve nécessairement ailleurs, dans son écriture et dans la prestation des comédiens. Il se trouve que les dialogues sont souvent savoureux et que les acteurs prennent un malin plaisir à jouer. On passe ainsi un plutôt bon moment, même si le film reste somme toute très anecdotique.
Benoît Thevenin
Adieu Berthe ou l’enterrement de mémé
Sortie française le 20 juin 2012
Bonjour, j’ai été déçue par ce film même si je reconnais quelques qualités mais c’est mou, pas vraiment drôle (oui je sais, le sujet est grave) mais bon. Bonne après-midi.