Pendant la coupe du monde de football, tous les regards convergent vers les mêmes écrans de télévision,. La période sur laquelle s’étale la compétition, ce sont trente jours ou le rythme de la ville ralenti, comme suspendu à la décision sportive qui sera rendue sur les terrain. Everardo Gout a choisit de raconter une histoire complexe ou s’entremêle violence et corruption à Mexico à chaque fois dans le contexte particulier du déroulement des coupes du monde 2002, 2006 et 2010. Le contexte footballistique n’est cependant d’aucun intérêt véritable. La compétition sportive n’a aucune fonction dans le récit sinon celle de baliser les différentes époques.
Everardo Gout raconte la violence qui gangrène la société mexicaine, à travers les points de vues de différents personnages pour chaque époque : un flic corrompu pour la partie 2002 de l’action, un homme pris en otage par des jeunes kidnappeurs pour celle en 2006 et l’épouse d’un otage pour la partie en 2010.
Everardo Gout déroule un récit haletant et intense mais pêche par un récit trop complexe et mal maitrisé. L’histoire est menée de façon très brouillonne et on peine parfois à s’y retrouver. Le cinéaste offre quand même des points de repères en optant pour une mise en scène différente pour chaque partie : un style nerveux pour 2002, une approche plus patiente et sous tension pour 2006 et une mise en scène plus raffinée pour 2010. Tout cela est assez évident et la difficulté réside moins dans la faculté de repérer chaque segment de l’intrigue, que de comprendre où le cinéaste souhaite nous amener. C’est sans doute son idée, mais on a surtout l’impression d’un immense chaos, d’être balloté d’une époque à l’autre sans que l’on nous fournisse forcément les clés pour saisir les liens entre les histoires.
L’ambition ne fait pas la qualité, et l’esbrouffe encore moins. Everardo Gout a un vrai talent de faiseur, mais un brio de storyteller beaucoup plus discutable.
Benoît Thevenin
Días de gracia
Sortie française le 13 juin 2012