Summertime est un film qui rentre dans un genre particulier du cinéma américain qui s’est développé depuis plusieurs années et qui justifie d’ailleurs probablement sa sortie dans les salles françaises. Ce genre, c’est celui du film indépendant qui se déroule au fin fond des Etats-Unis, loin des grandes métropoles et qui met en scène des personnages en marge de la société, le plus souvent dans la précarité. On retrouve ces éléments particuliers chez Jeff Nichols (Shotgun Stories en 2007, Take Shelter en 2011), dans des films comme Winter’s Bone (Debra Granik, 2010) et également dans les productions Borderline Films comme Martha Macy May Marlene (Sean Durkin, 2011) ou encore le magnifique Two Gates of Sleep (Alistair Banks Griffin, 2010). La figure la plus symptomatique de ces films est la relation familiale conflictuelle, ou les liens du sang souvent troublés sont généralement la source des nœuds dramatiques des films.
Summertime s’inscrit pleinement dans ce schéma là avec son personnage d’adolescent vivant dans la campagne du Mississipi avec son demi-frère et sa grand-mère muette alors que sa mère s’est enfuie en Californie. Cet ado c’est Robbie, qui doit subvenir aux besoins de sa petite famille puisque les adultes autour de lui ont renoncé.
Le casting est composé d’acteurs non-professionnels. Parmi eux, le personnage de Robbie est incarné par un jeune homme bluffant et brillant. William Ruffin parvient à rendre son personnage immédiatement très attachant. En effet, alors qu’il est en permanence au bord de la petite délinquance, le voir se démener et chercher du travail pendant l’été pour pouvoir subvenir aux besoins de sa petite-famille ne laisse pas insensible. On comprend alors que Robbie est un adolescent qui n’a pas les mêmes chances que les autres mais qui ne se laisse jamais abattre par la fatalité de sa situation.
Là où le film est le plus réussi c’est bien dans la relation entre Robbie et son petit frère, Fess (John Alex Nunnery), une relation de protection de l’ainé envers le benjamin. C’est là le cœur du film, avec également l’arrivée de Lucas (Patrick Rutherford), le grand frère moitié délinquant qui remet un peu en cause la paix déjà précaire du foyer. C’est dans ces diverses relations fraternelles que Robbie va devoir apprendre la vie, aller au-delà des relations du sang pour protéger ce qui est juste. Ce récit d’apprentissage, qui s’accompagne également des premiers émois amoureux, est la colonne vertébrale thématique du film. A ce niveau-là c’est plutôt réussi. On est plutôt ému par la trajectoire douloureuse de Robbie.
Malgré toutes ces qualités le film reste un peu banal, un peu trop simple et bien qu’il soit très agréable à regarder il ne laissera pas un souvenir impérissable. Parmi les films cités plus haut et desquels il se rapproche donc, Summertime a du mal à se faire une place et reste trop peu singulier. Ceci dit, une fois encore, le film est attachant et sympathique… et il a aussi la bonne idée d’être très court (1h13) !
Grégory Audermatte
Rebonjour, j’avais écrit tout le bien que je pensais de ce film le 22/07/12 http://dasola.canalblog.com/archives/2012/07/22/24725319.html Les jeunes acteurs non-professionnels sont excellents. Bonne après-midi.