Grace de Monaco d’Olivier Dahan (2014)

 

 

Avec prudence, le film commence avec cet avertissement banal : « Ceci est une fiction inspirée de faits réels ». Il s’agit de ne pas froisser la famille princière monégasque. Grace de Monaco est la maman d’Albert, le prince actuel, et de Caroline et Stéphanie. Tous rejettent l’idée du projet mais c’est bien légitime. Du moins on peut comprendre qu’il puisse être délicat pour un personnage public de se voir représenté à l’écran.

Grace De Monaco est cependant un film tout à la gloire de la princesse, et pas très insultant non plus envers son mari le Prince Rainier. Le film déterre quand même une vieille rivalité familiale, sans pour autant trop insister à ce propos.

 

Revenons en quand même au sujet du film. Le Prince Rainier a épousé Grace Kelly, l’actrice fétiche d’Alfred Hitchcock, icône hollywoodienne par excellence, quelques temps après l’avoir rencontré lors du festival de Cannes. Grace Kelly s’est alors retirée de Hollywood et mène une vie heureuse avec son prince charmant. Quand Alfred Hitchcock revient vers elle, dans son palais monégasque, pour lui proposer le rôle-titre de Marnie, la princesse se retrouve tiraillée entre ses nouvelles obligations et son désir de renouer avec les plateaux de cinéma. Hélas pour elle, dans un premier temps au moins, la crise politique entre Monaco et La France dirigée par le général de Gaulle, vont largement contrarier ses plans.

La politique est l’axe central autour duquel s’articule le récit. Grace Kelly est d’abord montrée sous un jour fragile et manipulable. Elle est un pion dans le jeu d’échec que se livrent Rainier et De Gaulle. La princesse, mal acceptée par les monégasques, a du mal a s’épanouir dans ce contexte. Hitchcock lui apporte une planche de salut qui se retourne vite contre elle. Mais celle qui est une star mondiale saura jouer de son charme, de son intelligence et de sa pugnacité pour renverser toutes les barrières face à elle, et jouer un rôle politique inédit. Tout ça est donc très manichéen.

Exercice relativement rare au cinéma, une actrice est chargée d’incarner une consoeur à l’écran. La chose est périlleuse, mais Nicole Kidman s’en accommode de façon honorable. Elle a cette élégance et cette prestance qui rendent la comparaison avec Grace Kelly légitime. Nicole Kidman ne cherche absolument pas le mimétisme, et ça fonctionne plutôt bien, même si elle a cette tendance à forcer l’expression de ses émotions. Les autres personnages autour d’elle ont peu de place pour exister. Tim Roth en Prince Rainier lui offre une contrepartie sérieuse et solide, quand les autres, Parker Posey pour Madge, Roger Ashton-Griffiths pour Hitchcock, pastichent leur modèle de façon caricaturale et presque risible.

Le plus intéressant finalement n’est pas la façon dont Grace Kelly est racontée, ni la façon dont elle est incarnée, mais plutôt la mise en scène d’Olivier Dahan. Le réalisateur de La Môme a quelques très bonnes idées (la course de Grace Kelly en contre-plongée dans un couloir du palais, les jeux de miroirs, les cartons qui indiquent les émotions que Grace Kelly travaille dans l’optique de redevenir actrice, les mouvements de caméra fluides et élégants), qui affirment une certaine audace visuelle. Les décors cependant chargés aux limites du baroque ne sont pas d’une très grande finesse. La naïveté quasi grotesque de certains dialogues n’aident pas non plus à la réussite de l’entreprise. C’est toute la problématique. Le film est plutôt solide et bien emballé, mais aussi trop simpliste et bancal dans nombreux de ses aspects.

 

Email

Laisser une réponse