A bientôt 80 ans, Woody Allen signe son 46e film en tout juste 50 ans de carrière. Des chiffres éloquents que le festival de Cannes célèbre à sa manière en offrant à Allen l’honneur d’ouvrir officiellement les festivités. Au coeur d’une filmographie immense, Café Society n’est certainement pas appelé à être parmi les plus mémorables livraisons du cinéaste. Il n’en demeure pas moins un bon cru, un film qui distille parfaitement tous les éléments qui font habituellement la singularité des films de Woody Allen, ce qui ravira toutes celles et ceux qui, année après année, aiment goûter au charme simple de son cinéma.
Dans les années 30, le jeune Bobby (Jesse Eisenberg) débarque à Hollywood avec le rêve de faire carrière dans l’industrie du rêve. Pistonné par son oncle, un puissant agent des stars (Steve Carell), le voila bientôt occupé à des tâches subalternes et peu valorisantes. C’est aussi comme ça qu’il rencontre la belle Veronica, dite Vonnie (Kristen Stewart), dont il tombe immédiatement amoureux. Le courant passe très bien entre eux mais hélas pour lui, Vonnie confesse aimer déjà quelqu’un…
A partir d’un canevas dès plus simple, Woody Allen construit un agréable marivaudage dans la plus pure tradition de son style. La reconstitution des années 30, la musique jazz qui accompagne tout le récit, les personnages tous assez haut en couleurs, l’humour juif et un flegme typiquement allenien, tous ces éléments bien connus de ses films sont là et se déploient de la plus belle des manières dans Café Society. Un détail sympathique, devenu rare avec les années, s’ajoute également. Woody Allen participe au film dans le rôle du narrateur, et le simple fait de reconnaitre sa voix fait déjà très plaisir.
Café Society, dans un registre assez proche de Radio Days par exemple, en veillant a trouver l’équilibre entre légèreté du propos et nostalgie pour une époque, réussi un bel hommage à l’âge d’or du cinéma des grands studios. Ici, les déambulations des personnages servent de prétexte à une visite de Beverly Hills et quelques anecdotes ou commentaires bienveillants vis à vis des grandes stars des années 30, notamment Spencer Tracy. L’hommage est en revanche explicite quand Bobby et Vonnie vont voir au cinéma La Dame en rouge avec Barbara Stanwyck.
De jeunes acteurs glamours, la convocation d’un âge d’or vénéré, une certaine insouciance et un humour qui fait mouche, il y a dans Café Society tous les ingrédients pour passer un bon moment à l’écart des angoisses extérieures. Pour les festivaliers cannois, c’est un film d’ouverture idéal. Le film donne suffisamment la pêche pour augmenter d’un cran le niveau d’excitation à découvrir la foisonnante sélection.
Benoît Thevenin