Un homme surgit en plein direct de l’émission Money Monster pour prendre en otage son présentateur vedette (George Clooney) ainsi que la productrice du show (Julia Roberts). L’agresseur est déterminé et sa revendication est simple. Il souhaite comprendre comment il a pu perdre tout ses économies dans un investissement en bourse vanté par l’émission. Officiellement, une faille technique a provoqué l’effondrement de la valeur boursière de la société Ibis Clear Capital sur laquelle il a naïvement tout misé. Et si la vérité était autrement plus scandaleuse ?
Avec son quatrième long-métrage en tant que réalisatrice, Jodie Foster livre un film qui est en quelque sorte le pendant hollywoodien et spectaculaire du documentaire de François Ruffin Merci Patron !, sorti dans les salles françaises quelques semaines auparavant. Les deux films, aussi différents sont-ils, partagent une même intention, celle de dénoncer le cynisme du monde de la finance, et ce en retournant contre contre lui les propres moyens du système.
Kyle Budwell, le preneur d’otage, se fait le porte-voix des petits actionnaires, ceux qui trinquent le plus, et dans l’indifférence générale, quand les choses tournent mal sur les marchés. Tout le cynisme de l’émission présentée par Lee Gates (Clooney), tient alors au fait qu’un jour elle promet le jackpot et le lendemain, elle se défausse de ses mauvais conseils s’ils se sont avérés perdants.
Money Monster, c’est un spectacle d’infotainment animé par un présentateur fantasque et grotesque qui s’adresse évidemment davantage aux boursicoteurs qui n’y connaissent rien mais rêvent du Graal, plutôt qu’aux traders et analystes qui ne doivent tout au plus que jeter un oeil amusé à ce genre d’émission. Kyle, lui, s’est fait floué, il le ressent, mais à l’inverse d’investisseurs aux reins plus solides, lui n’a pas de possibilité de « se refaire ». Il agit par désespoir sans se douter vraiment qu’il est en train de déclencher un processus qui va mener à la révélation d’un important scandale.
Le film oppose des personnages tous très caricaturaux. Kyle est un pauvre garçon bientôt papa, Lee est un abruti arrogant, inconséquent et lâche. Patty, la productrice, ne cède pas à la panique et a une capacité d’analyse de la situation très pointue. Quant à Walt Camby (Dominic West), le patron de la société Ibis Clear Capital, c’est un manipulateur et un menteur patenté sans aucun état d’âme. Aucun personnage ne verse dans la nuance, les rôles sont parfaitement délimités, et il n’y a pas de risque à confondre les gentils avec les salauds.
Les personnages sont certes des archétypes mais cela coïncide naturellement avec une narration qui ne tend qu’à l’efficacité. Mené sur la base d’un temps réel, le film avance tambour battant et va droit au but, toujours dans le sens du spectateur, et sans trop s’embarrasser avec des sous-intrigues inutiles. Jodie Foster s’en sort ainsi très bien, en tous les cas bien mieux que George Clooney. Son implication est manifeste, mais peut-être un peu trop tant on voit l’acteur jouer. Ca ne gâche cependant pas grand chose. Money Monster met en scène la revanche des petits porteurs sur les grands gourous de la finance, ça ne mange pas de pain et ça ne changera pas la face du monde, mais ça fait quand même du bien.
Benoît Thevenin