Quand en août 2014, le groupe se prétendant Etat Islamique s’empare de la ville de Sinjar et massacre la population locale, le monde entier découvre le sort tragique de la minorité yézidie. The Dark Wind, troisième long métrage du cinéaste irakien Hussein Hassan, illustre l’horreur de cette séquence à travers l’histoire de Reko et Pero, couple de yézidis bientôt séparés par la guerre.
Le film débute quasiment par l’attaque brutale des jihadistes contre un village du kurdistan irakien. La résistance est faible, les hommes tombent les uns après les autres et les femmes se réfugient à l’intérieur d’un temple. Lorsqu’elles sont découvertes, elles sont immédiatement enlevées et destinées, au minimum, à être vendues comme esclaves aux plus offrants.
Dans cette histoire, Reko, agent de sécurité dans une compagnie pétrolière, échappe à l’attaque subie par son village. Quand il apprend ce qu’il s’est passé, il se met immédiatement en quête de retrouver sa fiancée, ce dont il parvient relativement facilement. Pero est traumatisée par ce qu’elle a vécu. C’est le récit de son retour auprès des siens, dans un camp de réfugiés des Nations Unies, qui constitue alors l’essentiel du film.
Le cinéma a ceci de précieux qu’il permet de donner un visage, une identité et des émotions à des personnages que l’on a souvent du mal a distinguer dans les articles de presse quand les évènements ont cours. Hussein Hassan montre ainsi les conséquences indirectes de la guerre, comment les victimes sont détruites psychologiquement, combien il est impossible pour elles de se reconstruire vraiment, et toutes les contradictions qui agitent la communauté au retour de celles qui ont été martyrisées. Le film est brut, sans artifice, simple dans ses enchainements narratifs et cinglant pour ce qu’il donne à voir. Il est alors difficile de rester froid et insensible face à la figure mutique, fragile et désespérée de Pero. Elle représente toute la tragédie infligée à la minorité yézidies dans son ensemble.
B.T
