Après Wesh, Wesh et Bled Number One, le cinéaste clôt avec Dernier Maquis une foisonnante trilogie sur l’immigration. Rabah Ameur-Zaïmeche, c’est un cinéma brut, sincère, qui respire la vérité, un cinéma coup de poing, comme ceux qu’il finit par recevoir en conclusion de Dernier maquis.
Le cinéaste est aussi acteur principal de son film. Il interprète le patron musulman d’une PME en région parisienne, à la fois entreprise de récupération de palettes et garage. Les ouvriers sont tous immigrés, tous musulmans et la question de l’islam surgit alors. Peut-être par conviction mais aussi pour acheter la paix sociale, le patron de la PME décide d’ouvrir une mosquée et désigne un imam sans aucune concertation.
Dernier Maquis est réalisé comme les autres films du cinéaste, dans un style documentaire qui souligne le caractère à fleur de peau de ce cinéma. Car il s’agit d’un cinéma à la fois politique et social, enragé et volontaire. Les histoires qui se tissent dans le huis-clos extraordinaire de cette entreprise de palettes sont tour à tour légères, cocasses ou difficiles. Rabah Ameur-Zaïmeche ne se donne pas le beau rôle, son film est dans l’air du temps, pragmatique, et ne donne pas de leçon.
Dernier maquis à valeur de constat, de part sa lucidité et son intégrité, et vaut donc bien plus que toutes les leçons de morales entendues ici et là. Le contenu du film s’imbrique en plus parfaitement aux messages des films de Cantet (Entre les murs), d’Abdel Kechiche (La Faute à Voltaire, L’Esquive, La Graine et le mulet) ou encore de Souad El-Bouhati (Française). L’extrême dignité de ces films, la justesse de leurs propos, les rendent tous estimables et essentiels.
B.T
Sortie française le 22 octobre 2008