Red Road est le premier long-métrage d’Andrea Arnold. La réalisatrice n’est pas non plus sortie de nulle part. Son premier court-métrage, Wasp, réalisé en 2003, a même reçu l’Oscar en 2005.
Son premier film pour le cinéma est déjà couvert d’honneurs. Red Road aura été une des révélations du dernier festival de Cannes. Présenté en compétition, le film a reçu le prix du jury.
Jackie (Kate Dickie) est opératrice pour une société de vidéosurveillance. Elle focalise bientôt son attention sur un homme qu’elle reconnaît. Elle s’immisce ensuite dans sa vie sans que l’on comprenne immédiatement ce qui l’attire.
Au départ, Red Road est le premier film produit dans le cadre du concept Advance Party. Pour résumer brièvement, trois réalisateurs développent des scénarii en se basant sur un même groupe de 9 personnages. L’action doit se dérouler en Ecosse mais les cinéastes sont libres de définir eux-mêmes les origines sociales des protagonistes.
A terme, les personnages réapparaîtrons dans les prochains films liés au concept. Lone Scherfig (Italian for beginners, Wilbur) et Anders Thomas Jensen (Les Bouchers Verts, Adam’s Apples) réaliseront ces films.
Le premier volet, par Andréa Arnold donc, donne immédiatement l’eau à la bouche. Le film trouve déjà sa place dans un contexte que George Orwell n’avais peut-être imaginé que dans ses plus grands cauchemars. Dans Red Road, le malaise est très net. Andrea Arnold distille une atmosphère lourde et qui rend de fait la position du spectateur tout à fait inconfortable. La mise en scène d’Andrea Arnold n’est évidemment pas étrangère à cette impression. Des cadres soigneusement composés, de longues séquences apparemment anodines mais qui hantent longtemps le spectateur après la projection.
Il faut rendre aussi hommage au travail de Robbie Ryan, le directeur de la photo que l’on avait déjà découvert sur le curieux film d’horreur Isolation de Billy O’Brien. Sur ce film, l’image crépusculaire permet de distiller une atmosphère lourde et oppressante.
La fragilité dure de Katie Dickie joue beaucoup sur la perception du film. Son attitude est mystérieuse. On la sent en révolte sans comprendre ce qui l’habite. On la surprend à jouer, apparemment, avec ses pulsions, en proie, aussi, à une tentation morbide.
Red Road est un film quelque peu insolite, parfois dérangeant, mais surtout brillant. Il permet aussi de retrouver quelques acteurs rares que l’on avait déjà adoré par ailleurs, Martin Campston (Sweet Sixteen de Loach en 2001) et Natalie Press (My Summer of love de Pawlikowski en 2005).
Benoît Thevenin
Red Road – Note pour ce film :
Réalisé par Andrea Arnold
Avec Katie Dickie, Natalie Press, Martin Campston…
Année de production : 2006
Sortie française le 6 décembre 2006
Mots-clefs : Kate Dickie, Martin Campston, Natalie Press