La réalisatrice de « Red Road », Prix du Jury à Cannes 2006, reviens en compétition cette année avec « Fish Tank »… Et fait déjà office de très sérieux outsider pour une belle place au palmarès.
Mia, ado révoltée, vit avec sa mère qui aime la moquer, et sa jeune soeur à la répartie irrésistible. Mia est une fille un peu paumée qui lutte pour exister et ne pas se faire écrasée.
Fish Tank désigne une technique de pêche qui consiste à attraper le poisson avec ses mai
ns. Quel personnage sera ainsi arraché à son environnement ? La réponse la plus évidente semble d’abord être Mia, ne serait-ce que parce qu’elle est l’héroïne du film, le personnage central qu’Andrea Arnold n’abandonne jamais de son cadre. Mia est d’abord révoltée, mais sa rencontre avec le nouvel amant de sa mère va provoquer en elle un changement notoire. On la sent tout de suite apaisée, stabilisée même si quelques caprices ou colère la ramène ponctuellement à sa façon d’être originale.
Le film est dans la lignée de Red Road, tout du moins d’un point de vue esthétique. Le cadre est le même (une banlieue anglaise et ses tours), la mise en scène discrète mais très sophistiquée, très subtile, et une photographie un peu particulière et magnifique. Le récit se déroule très linéairement, selon une logique propre et par petite touche. La mécanique est parfaitement huilée et le mystère toujours savamment entretenu, du fait d’une ambiguïté sexuelle qui tarde à s’assumer. Fish Tank est construit très intelligemment, dans la fascination d’un personnage perdu qui semble se chercher un père de substitution. On note l’utilisation parcimonieuse et géniale de quelques ralentis pour autant de moment à la fois anodins et déterminants.
Fish Tank révèle en plus une jeune actrice, Katie Jarvis qui porte tout le poid du film sur ses frêles épaules et y arrive avec brio. A côté d’elle, Michael Fassbender, la révélation de Cannes 2008 avec Hunger (revu ensuite dans Eden Lake) et la belle Kierston Wareing (découverte dans It’s a free world).
Pour l’inauguration de la compétition à la Palme d’or 2009, Fish Tank affiche déjà une belle tenue et semble un sérieux client pour le Palmarès. Le film est en tout cas une vraie réussite, la confirmation attendue du talent d’Andrea Arnold qui nous avait déjà impressionné avec Red Road. Son cinéma est solide, révèle des personnages féminins forts, et affirme déjà un univers très personnel.
Benoît Thevenin
Fish Tank – Note pour ce film :
j’ai bien aimé !
Très bonne surprise que ce film avec la découverte Kate Jarvis et le protéiforme Michael Fassbender avec en plus une atmosphère et des images assez inoubliables (pour l’instant… je te dirai mieux la semaine prochaine !)