Nuits d’ivresse printanière (Spring Fever/Chun feng chen zui de ye wan) de Lou Ye (2009)

nuit d'ivresse

Le réalisateur de « Une Jeunesse Chinoise » ne se réconciliera pas avec la censure chinoise avec cette « Nuits d’ivresse printanière ». Tragique et sans tabou, le film ne plaira pas à tout le monde.

Lou Ye est un des réalisateur emblématiques de ce que l’on appelle communément – et sans aucune réelle justification – la 6e génération de réalisateurs chinois. Pour la plus plupart d’entre eux, un point commun existe : un cinéma social parfois cinglant, un cinéma de la rue et qui est souvent produit dans la clandestinité et donc sans la bienveillance du gouvernement chinois. Lou Ye est donc emblématique de cette génération, et a été particulièrement propulsé sur le devant de la scène quand son précédent film, Une Jeunesse chinoise a été présenté en compétition à Cannes, et évidemment sans le consentement des autorités de son pays.

Lou Ye y est plus que marginalisé mais peut compter sur le festival de Cannes pour le soutenir encore. Ce n’est pas un cadeau que le festival lui fait, ne faites pas dire ce que l’on a pas dit, mais Cannes offre une belle vitrine au travail de cinéaste qui mérite sa place dans un tel festival. Lou Ye ne se réconciliera pas avec la censure chinoise avec ce film, même s’il venait – et sans doute moins même – à lui offrir l’honneur d’une Palme d’Or.

Le film commence sur une route avec deux hommes qui rejoignent une petite cabane isolée. Ils se cachent là pour une passion amoureuse intense. Un troisième homme est témoins de la scène. Il a été embauché par la fiancée de l’un des deux pour le suivre…

Nuits d’ivresse printanière tient son titre d’un poème chinois, lequel va être déroulé progressivement à mesure de l’avancement du récit. L’histoire est quelque peu complexe, les personnages se mêlant et se démêlant, mais tout converge – et on le devine rapidement – vers une tragédie inéluctable.

Le film est plombant sans être austère. La foi en l’amour est largement atteinte lorsque l’on sort de la salle. Pour autant, malgré sa tonalité, son ambiance très lourde, Nuits d’ivresse printanière est un film assez limpide, au moins dans la construction et sa mise en scène.
Le métrage est également sans tabou : Lou Ye ne se contente pas de narrer une passion homosexuelle (idée que la censure chinoise n’accepte déjà pas) mais va encore plus loin par sa mise en scène homo-érotique, ses corps masculins qui se mélangent dans une relative brutalité et sans compromis sur la nudité. La passion n’est néanmoins pas triomphante. Une lourdeur pèse sur tout le film qui ne cessera d’être confirmé. L’amour dans ce film est synonyme de douleur et de souffrance. Pour faire un jeu de mot peu inspiré, ce n’est pas très gai.

Benoît Thevenin


Nuits d’ivresse printanière – Note pour ce film :

Réalisé par Lou Ye

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