Il y a bien longtemps que Jacques Audiard s’est fait un prénom. Ce « Prophète » n’infirmera en rien la perception de son talent. Audiard est grand, « Un Prophète » aussi.
Cette prison du Prophète, nous y rentrons par un petit trou, comme sur la pointe des pieds, par pudeur ; par ce même petit trou par lequel les gardiens surveillent les prisonniers, ce petit trou par lequel les messages passent, sous la douche ou ailleurs.
Nous rentrons dans cette prison en même temps que Malik, jeune arabe qui vient de prendre six ans pour avoir agressé un fonctionnaire de police à l’arme blanche. Malik est seul, il n’a pas de copains dans cette prison. Il est donc fragile et une cible privilégiée. Malik est rapidement approché par le groupe des Corses lesquelles ont besoin de réaffirmer leur main-mise sur le business de la maison. Sa première mission : égorger au rasoir un de ses « frères », un arabe comme lui.
Le débat national autour des prisons françaises fait l’actualité depuis un certain temps déjà, et tous les aspects de la vie carcérale ont été plus ou moins évoqué ca et là. Un Prophète arrive dans un contexte qui n’est pas neutre mais le film n’a rien de politique non plus. On retrouve là tout le cinéma d’Audiard, un univers noir et réaliste, fait de manoeuvres et de petites combines, avec un héros qui évolue perpétuellement sur un fil, proche de basculer d’un côté comme de l’autre.
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Maintenant que nous avons vu Un Prophète, il nous semble tellement naturel qu’Audiard se soit plongé dans cet univers, ca devient une évidence. Le film semble une peinture juste de cette usine à fantasme qu’est la prison. Audiard n’élude rien, ne force pas le trait non plus, ne cherche pas à disserter sur les conditions de vie des détenus ou quoi que ce soit d’autre. On se dit que pourtant, le film est assez réaliste pour induire une réflexion sociologique sur cette micro-société, à l’écart de « la vraie ». En tout cas, l’immersion dans ce monde est saisissante, noire et brutale. Par son ampleur et sa rigueur, Un Prophète devient vite un objet de fascination. La dimension du film est en tout cas très grande. Celà tient à la maîtrise d’Audiard. Rien ne dépasse, le film est solide, sans faille apparente, avec un rythme tenu tout du long selon une mécanique inéluctable et parfaitement huilée.
Audiard, qui a jusqu’alors toujours tourné avec des « stars » (Kassovitz, Cassel, Duris), s’est cette fois entouré d’une distribution « modeste ». La révélation de Tahar Rahim n’en est que plus fabuleuse et je peux vous assurer qu’il n’y là aucune emphase. Un Prophète est un film brute, intense, captivant et qui ne nous lâche toujours pas une fois la projection achevée.
Vous aurez devinés qu’Un Prophète est pour nous un candidat plus que crédible à la Palme. Un prix d’interprétation est à prévoir… à moins qu’Un Prophète ne soit effectivement palmé…
Benoît Thevenin
Un Prophète – Note pour ce film :
Bon j’ai un peu lu tout ça en diagonale… j’avoue… je vois que tu t’éclates, en tous cas, et que tu es un sacré veinard.. je vendrais bien une de mes couilles sur ebay pour pouvoir être à tes cotés en ce moment où tu dois sans doute découvrir le nouveau Coppola ou le Marina De Van qui m’excitent tous deux comme une puce en foufelle !
Mais je suis sous le ciel gris et la pluie de ch’Nord à ne voir de Cannes et de ses films que les maigres miettes jetées par Canal+ dans le Grand Journal avec les questions cons d’Arianne Massenet et de Denisot et entre deux actrices/mannequins « qui le valent bien » venues défendre leur sponsor…
Même pas accès sur Numéricable à TéléFestival que je recevais autrefois sur Canalsat…
C’est à te haïr de jalousie ou à se flinguer de frustration….
Eclate toi et prends en plein les yeux, les oreilles, le coeur… et le foie ! lol SALAUD ! lol
Une vie est-elle possible après la peine carcérale ?
La peine carcérale permet-elle une réinsertion et une « droite réinsertion » des anciens détenus dans le « corps social » comme cela devrait être son objectif républicain (Rousseau) ou perpétue-t-elle la propension aux actes délictueux par une scission entre le regard que renvoie la société sur le détenu et le vécu du prisonnier, esseulé (Foucault) ?
Ce point là est présent tout au long du film. Malik, confronté à la violence de l’univers carcéral, finit par trouver sa liberté dans le développement de son propre réseau de délinquance. Ainsi, au-delà de toute appréciation morale, c’est bien la question de l’efficacité de la peine carcérale qui est, en filigrane, posée.
L’insularité et la perpétuation des valeurs d’un peuple peuvent-elles passer outre l’intégration d’autres cultures ? Telles semblent être les grandes interrogations de l’œuvre de Jacques Audiard. Si l’on peut bien sûr considérer qu’un amalgame entre « Mafia » et nationalisme corse est un raccourci pouvant induire une confusion du spectateur, il n’en est pas moins troublant que le film de Jacques Audiard pointe un fait incontestable : le dépeuplement d’une île, d’un peuple, et la crainte de la disparition de ses codes.
La scène qui évoque, en filigrane, cette disparition qui menace, est sans doute celle où l’on perçoit la solitude de César Luciani, l’ancien parrain respecté et craint de tous, rouler à terre un coup de pied au ventre. Aucune jeunesse pour le défendre. L’absence de descendance (filiale ou agrégée) est sa faiblesse.
Le film ne donne pas à voir une Corse raciste. Il donne à voir une Corse en manque de descendance. Il donne à penser sinon une transmission de valeurs, à tout le moins une substitution de mœurs.
Et c’est là toute la force de son propos.
6.60 euros voilà ma contribution à ce film le droit d’entrée au ciné ce samedi
Mon choix ne fut pas le bon, l’ennui m’a envahi. C’est long et téléphoné
Ce film n’est pas un chef d’œuvre arrêtez ce battage publicitaire outrancier
Le scénario ne tient pas la route, encore moins debout
La prison :
D’un côté des Arabes, des musulmans : Ils n’y a que ça dans nos prisons françaises dans ce film selon Audiard
De l’autre des Corses, insulaires français, qui tiennent leur rôle de parrain respect traditions, grotesque caricature
Entre cette population, des matons Français seuls représentants de la société démocratique Française ils contrôlent, les sous bras, les gorges et les trous du cul selon Audiard
Les prisons sont délabrées, insalubres, de cette situation l’état, c’est-à-dire nous, est déjà informé ; Audiard démontre dans ce film qu’il n’est nullement nécessaire de poursuive d’investir nos impôts dans la construction de prisons puisque ces bâtisses ne sont exclusivement réservées qu’aux Arabes et musulmans
Audiard donne raison dans son comte pour délinquants primaires de banlieue, que tout est possible en prison comme à l’extérieur même en liberté préventive la vie est la même
Le détenu fait ce qu’il veut. Pas de contrôle auprès de son employeur ni de son tuteur. Audiard prend vraiment ce milieu et les gens qui y travaillent pour des cons
Audiard n’a pas consulté les officiers de la sécurité du territoire et je pense qu’il ignore absolument tout du peuple Corse et de leurs codes. Par contre Audiard est bien renseigné sur le caractère culturel des Arabes
Comment un Corse avec les tels pouvoirs ne peut-il pas se « débarrassé » de ce petit « héros » arabe selon le scénario élaboré par Audiard dans ce film
Il n’y a rien dans ce film qui puisse retenir une émotion, une morale une vie. Que Madame Fadela Amara se rassure ce film est très loin de la réalité actuelle de la société française qui vit avec ce spectre empirique néfaste que représente les arabes et musulmans sur notre territoire
Un souhait si M. Audiard veut continuer l’exploitation de film sur le même thème qu’il rencontre un prophète qui lui prodiguera une sérieuse documentation sur ce sujet pour lequel il est passé tout à fait à côté
Ce film est drôlement bien foutu, un peu trop bien même car il est trop carré, mathématique. Le début du film coincide avec l’entrée en détention de Malik et la fin avec sa sortie.
Je ne crois pas qu’il ait pour ambition d’être réaliste, inutile donc de lui faire un faux procès. On sait bien qu’en France on est pas dans une situation du genre prison américaine où les gangs de latinos affrontent les blacks et les skins. Ce qui importe c’est que l’histoire soit crédible et mon Dieu pas besoin de 3D pour y croire à cette histoire, elle est plus vraie que vraie!
Quant à la dimension politique du film, je ne la voit pas. L’objectif d’Audiard n’a pas cherché à nous questionner là-dessus. Là encore inutile de faire dire au film ce qu’il ne dit pas, même si la réinssertion doit faire l’objet de débat dans la société civile.
Mais donc, même si j’ai fort apprécié l’oeuvre, il manque un final ouvert, une question à se poser.