Tetro de Francis Ford Coppola (2009)

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Francis Ford Coppola est un homme sans âge, son cinéma actuel encore plus et de plus en plus difficile à cerner. Ce qui n’est pas pour nous déplaire…

Ce n’est pas un hasard si avec Tetro, Francis Ford Coppola a inauguré cette année la Quinzaine des réalisateurs, cette section cannoise qui s’est faite vocation de la découverte de nouveaux talents. Depuis le tournant des années 2000, Coppola est un cinéaste neuf, qui a pris un nouveau départ, se réinvente quitte à nous dérouter. Coppola se débarrasse des contingences imposées par l’industrie du cinéma et livre des films qui lui sont avant tout personnels.

Coppola est devenu difficile à cerner, en témoigne L’Homme sans âge, sorte d’ovni cinématographique, oeuvre à la fois baroque et maladroite en apparence qui nous oblige à retirer l’étiquette de cinéaste hollywoodien qui lui collait légitimement à la peau, pour celle plus impalpable de cinéaste du monde… Après s’être délocalisé en Europe de l’est (Roumanie) pour L’Homme sans âge, Coppola a installé son Tetro à Buenos Aires, en Argentine.

Le pitch du film est basique, convenu, déjà vu et rebattu : un écrivain torturé (Tetro) et en exil voit débarquer dans sa vie son jeune frère (Bennie) à qui il a déçu la promesse de le retrouver. Une rivalité s’impose tout de suite entre eux, permise par un manuscrit tenu secret par Tetro et que Bennie retrouve et ose lire. Le script revisite la vie de Tetro, ses rapports familiaux complexes et celui tordu qu’il entretien dans son processus de création et d’écriture.

Dans cette histoire, Coppola met beaucoup de lui même, bien que l’impression soit assez difficile à saisir complètement. Le personnage de  Tetro serait une projection de lui-même et le ciment de cette histoire, sa relation à son grand-père. Camine Coppola était lui aussi compositeur, puisque dans l’histoire du film, le père de Tetro est un compositeur qui par son génie et la reconnaissance dont il fait l’objet, écrase le propre génie de Tetro.

Tetro est un film hors du temps, à la fois moderne – ce que la très lisse image numérique symbolise – et classique, avec cette tonalité romantique assez lourde qui pèse sur le métrage d’un certain poids. Tetro permet ainsi une proposition réelle de cinéma, relativement inédite et pour sûre atypique.

Torturé, Tetro le film commence sur une base simple pour dériver progressivement vers quelque chose de complètement baroque, aux limites du burlesques parfois, et qui provoquera peut-être quelques ricanements. Mais Tetro est un film riche, chargé de sens à tous les étages, à la fois dans son contenu narratif mais aussi pour grande partie dans la seule mise en scène, emplie de symboles.
Démystifier Tetro est une tâche ardue mais, d’une certaine manière, Coppola finit par nous mâcher le travail et c’est ce qui nous force à nuancer notre impression. Le final, explicatif, alourdit un film qui n’est déjà pas forcément simple à appréhender, du fait de sa construction narrative et de son ambiance.

Visuellement, Tetro est en revanche éblouissant, un noir et blanc scintillant qui caresse la rétine. Le film est entrecoupé de séquences rêvées, en couleurs, des séquences théâtrales et quasi féeriques, bricolées avec une certaine magie.

Le charme de Tetro est véritable, le talent de Coppola intacte et incontestable. malgré tout, une fois encore après L’Homme sans âge, le film de Coppola est assez étrange et baroque pour laisser une grande partie de son public sur la touche.

Benoît Thevenin


Tetro– Note pour ce film :

Sortie française le 23 décembre 2009

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Aucun commentaire sur “Tetro de Francis Ford Coppola (2009)”

  1. Foxart dit :

    Argghhhh ! Je te hais !

  2. valérie dit :

    As-tu vu à Cannes la même version que celle qui est sortie là? Ce film m’a vraiment transporté et je te sens plus tiède!

  3. Benoît Thevenin dit :

    Non je crois que c’est la même version. Il est vrai que les conditions de découvertes d’un film à Cannes sont toujours très particulières (excitation, fatigue, parfois mélangés), d’où peut-être le décalage que tu ressent. Cela dit je ne garde pas un souvenir tiède du film (d’où les 3 étoiles d’ailleurs).

  4. Dim dit :

    Benoît Thevenin, votre conclusion est nulle! Si « le charme de Tetro est véritable et, le talent de Coppola intacte et incontestable » l’autre partie de votre conclusion est inappropriée (et je suis gentil). Vous dites de Coppola qu’il est un cinéaste neuf, alors c’est normal qu’il laisse « une grande partie de son public sur la touche ».

    Courage, vous allez progresser Monsieur Thevenin

  5. Benoît Thevenin dit :

    euh… vous faites un sacré raccourci là non ?

    Mais bon oui, j’espère bien progresser

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